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FRANCOIS HOLLANDE - POUR UN GRAND PARTI SOCIALISTE

Discours de François Hollande lors de ses voeux à la presse le 16 janvier 2006

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(...)Pour tout dire, cette année 2006, année de vérité, c’est une année pleine, il n’y a pas de temps à perdre. (...).

François HOLLANDE, Premier Secrétaire
Vœux à la presse le 16/01/06
La victoire de Michelle Bachelet au Chili est à la fois historique, symbolique et, exemplaire. Elle est historique, parce que pour celles et ceux qui ont partagé le combat - et j’en suis - des Chiliens au lendemain de la dictature, qui ont vu dans ce pays le pire et qui maintenant peuvent apprécier le meilleur, c’est-à-dire : la démocratie, l’élection de Michèle Bachelet n’est pas simplement un succès pour les Chiliennes et les Chiliens mais pour tous les démocrates. C’est une victoire symbolique parce que la gauche chilienne s’installe dans la durée puisqu’une socialiste succède à socialiste Ricardo Lagos. C’est enfin une victoire exemplaire avec la gauche durable, la gauche unie, la gauche renouvelée et pour le parti socialiste qui se prépare à son tour à aller devant les électeurs l’année prochaine, c’est effectivement une belle référence. C’est une femme qui a été élue, je ne l’oublie pas. D’ailleurs comment pourrais-je l’oublier ? Quand je regarde ce qui se passe dans d’autres pays, dans d’autres démocraties, en Finlande notamment, je me dis que là aussi les sociétés politiques bougent et qu’elles bougeront encore, en France aussi.

Mais au-delà de vous, c’est à la presse toute entière que je veux adresser aussi mes vœux. La presse en France ne va pas bien. Elle est excessivement concentrée, quoi qu’en dise un rapport officiel. Elle est fragile, elle manque de soutien public. Ses formes d’organisation sont, à bien des égards, dépassées. Elle n’est pas non plus indépendante, autant qu’il le faudrait. Et c’est pourquoi je fais aujourd’hui une proposition, que les sociétés de rédacteurs soient partout généralisées et que ces sociétés de rédacteurs puissent dans tous les organes de presse, écrites ou audiovisuelles, être représentées dans les lieux de décision de l’entreprise. Une proposition de loi sera prochainement déposée dans ce sens. M’adressant à travers vous aux Français, je souhaite que 2006 serve à préparer le choix essentiel de 2007. Mon seul objectif pour l’année 2007, c’est de faire gagner la gauche. Alors, je veux faire dans cette perspective, de 2006 une année de vérité. Une année de vérité, d’abord pour la France.

2006 s’ouvre dans un climat de pessimisme, comme rarement nous avons connu, de peur, de déclassement, de perte de repères, et de quête de sens.

En 2005, la France a été confrontée à des défis qu’elle n’a pas toujours pu relever. D’abord, elle s’est interrogée sur son identité à l’occasion du référendum du 29 mai et faute d’ailleurs d’avoir pu elle-même maîtriser son destin, elle a refusé un choix qui lui était proposé d’une Europe plus large et plus forte. La France s’est posée aussi avec angoisse la question de sa cohésion lors des émeutes des banlieues. Le « Vivre ensemble » a été une nouvelle fois mis à mal et les principes républicains ont parus bien loin de la réalité. La France enfin, a été interpellée sur sa puissance même, sur son statut de grand pays, à travers la médiocrité de ses résultats économiques, son manque de leadership en Europe et le recul de sa présence dans le monde. Je vais vous dire les choses simplement. La France a des atouts considérables, sa jeunesse, sa main d’œuvre, sa richesse. Elle un rôle à jouer : sa capacité à se mobiliser sur les grandes causes, à délivrer un message universel.

La France n’est donc pas en déclin, elle est en de mauvaises mains. La droite voudrait faire passer ses échecs comme une crise d’un modèle français. Mettre de côté sa propre responsabilité dans ses résultats pour mettre en accusation le pacte social comme le modèle républicain. Ce n’est pas la France qui est faible, c’est le pouvoir actuel qui l’affaiblit.

Et c’est pourquoi 2006 doit être une année de vérité pour la droite. Jacques Chirac achève son interminable fin de règne et la majorité sortante entame sa dernière année de législature. Le temps des bilans est donc venu. Et c’est en 2006 qu’il faudra le dresser. Et c’est en 2007 que viendra le jugement. Il nous revient donc, au Parti socialiste, à l’ensemble de la gauche, de mettre en avant ce qui est l’évidence, c’est à dire un échec gouvernemental portant sur les quatre colonnes sur lesquelles repose une réussite ou hélas sur lesquelles un échec finalement apparaît.

D’abord sur l’emploi, un chiffre : aucune création nette d’emplois depuis 2002. Le chômage peut baisser statistiquement à travers les départs en retraite plus nombreux que les arrivées sur le marché du travail, les emplois aidés et enfin les radiations qui hélas transforment des chômeurs en Rmistes. Le chômage peut baisser statistiquement en revanche l’emploi lui ne progresse pas. Et cela veut dire que pour les Français, il n’y a aucun progrès dans l’accès de tous au travail.

La sécurité qui était l’engagement du Président de la République et du Ministre de l’Intérieur. Les chiffres maintenant sont là. Depuis 2002, les violences faites aux personnes n’ont cessé de progresser. Pour l’année 2005, 5% d’augmentation de ces violences et quand on sait en plus qu’il y a eu 110.000 faits de violences urbaines et seulement si je puis dire, 1/4 imputables au mois de novembre, ce qui veut dire que nous sommes dans une situation où les violences urbaines ne sont pas simplement liées à des crises et notamment une que nous avons traversé, mais constituent un phénomène qui s’est structuré tout au long de ces derniers mois avec la droite aux responsabilités.

Les finances publiques sont dans le rouge et la dette atteint un niveau record. Là encore deux chiffres simples : fin 2001, la dette représentait 59% de la richesse nationale, fin 2006, ce sera 68%, près de 9 points de plus.

Enfin : la compétitivité des entreprises. Jamais le déficit commercial de la France n’aura été aussi élevé, 25 milliards d’euros de solde négatif. Et devant une situation aussi grave nous avons le gouvernement des « auto satisfaits ». Autosatisfaction de Jacques Chirac au prétexte qu’il faudrait refuser l’auto-flagellation. Il faut bien dire que l’auto-flagellation n’est pas dans sa culture. S’il avait fallu le juger par rapport aux promesses non tenues, c’est vrai que l’acte d’accusation aurait été particulièrement lourd. Sa culture, c’est l’impunité y compris par rapport au verdict du suffrage universel. Il a oublié une promesse, que je veux rappeler, qui est celle de la réforme du statut pénal du chef de l’Etat. Cette promesse, il l’avait prise comme candidat en 2002, elle devait être honorée dans la première année de son quinquennat, il n’en est rien aujourd’hui. Comme il ne reste plus qu’un an avant la fin de son mandat , je demande au nom du Parti socialiste qu’un projet de loi soit déposé avant l’élection présidentielle pour que la réforme du statut pénal du chef de l’Etat puisse être adopté par le Parlement avant l’échéance présidentielle de l’année prochaine.

Quant à D. de Villepin, sa méthode c’est le gouvernement de l’annonce : les mesures se succèdent aux déclarations, les incantations aux décisions sans que jamais preuve soit apportée de leur effectivité. Et sans qu’en plus on soit sûr qu’il en assurera lui-même la conduite et la maîtrise car la plupart de ses annonces portent sur une période qui va au-delà de 2007, ce qui laisse supposer que le délai de péremption de son propre gouvernement sera largement dépassé. Ainsi en est-il de la lutte contre l’endettement du pays, de la réforme fiscale, de la cohésion sociale et même de l’égalité des chances. Il faut prendre cette façon de gouverner sans humour et sans tendresse car une telle pratique par rapport à tant de difficultés pour les Français n’est pas acceptable et que sa politique est dure pour les plus fragiles. Aujourd’hui un nouveau contrat pour les jeunes est présenté. C’est un sous-contrat avec un sous-salaire, une sous-sécurité, et une vraie précarité. C’est la généralisation du contrat nouvelle embauche pour tous les moins de 25 ans assortis de nouveaux allègements de charge pour les entreprises. Ce sera un contrat spécifique pour les jeunes, comme on fera un contrat aussi pour les seniors. Pour les jeunes la seule forme d’emploi jusqu’à 25 ans sera le contrat de première embauche, c’est à dire la possibilité d’être licencié à tout moment et pour tout motif. Ce qui est en cause, c’est l’éclatement du droit du travail selon les catégories et les âges. Enfin, Nicolas Sarkozy n’a de tolérance que pour lui-même et un curieux usage des mathématiques politiques parce que quand il y avait 25 000 véhicules qui brûlaient en 2001, c’était la faute de la gauche mais quand aujourd’hui il y a 45 000 voitures qui brûlent, ce serait une réussite de Nicolas Sarkozy parce que nous dit-il, cela aurait pu être pire. Chaque fait divers dramatique et il y en a de nombreux, donne l’occasion à opération de communication. Aujourd’hui, nous dit-on, il est dans le train Nice-Lyon, mais où étaient les forces de police dans ce même train le 1er janvier, où était le Ministre de l’Intérieur les 2 et 3 janvier quand on attendait une explication ? On ne peut pas avoir une politique de sécurité qui réponde simplement par un redéploiement de forces de police et l’annonce de projet de lois qui viendraient s’ajouter aux autres. Dois-je rappeler que sur l’ordonnance de 45, il y a déjà eu depuis 2002, trois modifications législatives, on nous annonce une 4e, qu’il y a déjà eu une loi sur l’immigration qui a introduit le contrat d’intégration et aujourd’hui il faudrait une deuxième loi pour appliquer ledit contrat . Avec ce gouvernement, avec Nicolas Sarkozy en particulier, c’est l’inflation politique, l’inflation législative, l’inflation médiatique mais hélas c’est le recul des libertés comme de la sécurité pour beaucoup de nos concitoyens.

Nous sommes devant une France où les inégalités n’ont jamais été aussi profondes et c’est le défi qui est lancé à la gauche. Redonner confiance à la France, redonner force à l’égalité, redonner grandeur à la République et c’est pourquoi je veux faire de l’année 2006, une année de vérité pour la gauche. Pour le Parti socialiste, l’année 2005 a été consacrée à nos débats internes, commencée dans la division sur le référendum européen, terminée dans l’unité avec le congrès du Mans qui nous a permis de dépasser ce qui nous avait séparé, le oui, le non, qui nous a uni sur l’essentiel : notre projet et qui nous permet aujourd’hui, de faire de ce projet pour la France le message de l’année 2006.

En ce début d’année et par rapport au mandat qui m’a été donné par le congrès du Mans, je veux tenir le cap, faire respecter les règles et donner à notre Parti la force nécessaire. Je ne me laisserai pas détourner par d’autres considérations, d’autres circonstances ou d’autres précipitations. Un calendrier a été choisi, un temps a été fixé, un objectif a été arrêté et bien cet objectif, ce calendrier, cette méthode, j’en fais aujourd’hui ma priorité.

D’abord sur le projet. L’élection présidentielle de 2007 opposera deux conceptions de la France. Car c’est la France qui en sera l’enjeu. Une première conception fondée sur la réussite individuelle et la reproduction des fractures établies et qui en définitive met les Français en conflit avec eux mêmes, c’est-à-dire une France divisée, une France séparée, une France éclatée, une France fracturée, une France fragmentée. Nous n’en voulons pas. A cette conception-là, nous voulons opposer une conception fondée sur l’harmonie et la réconciliation.C’est une ambition pour la France fondée sur le dépassement de nos diversités, sur une sortie collective de la crise de confiance qui frappe notre pays. Ce que nous voulons, c’est une France rassemblée et une France juste, qui donne en définitive une identité à l’individu mais aussi une identité à la France. Nous ne séparons pas le projet pour la France du projet pour chacun.

Ce que nous voulons pour la perspective, au-delà de 2007, ce n’est pas simplement affirmer le modèle républicain, c’est réaliser la promesse de la République, c’est à dire permettre à chaque citoyen de choisir et de réussir sa vie, et c’est pourquoi chacun doit disposer à égalité de ressource, des chances nécessaires pour sa promotion personnelle et c’est ce qui fonde la légitimité de la puissance publique et de l’Etat.

Et c’est pourquoi notre projet aura quatre grandes priorités.

Voilà le sens de notre projet, le calendrier de travail est connu. La commission du projet s’est déjà réunie avant les vacances de Noël, elle s’est de nouveau réunie la semaine dernière, elle continuera son travail jusqu’au mois de mai. Pendant ce temps-là, les Etats généraux du projet qui ont été confiés à H. Emmanuelli se tiendront . De grandes réunions thématiques se feront de manière décentralisée, permettant la rencontre avec les forces vives et les Français. Il s’agit de confronter nos propositions avec tous ceux qui le voudront et aussi de faire en sorte, de promouvoir nos idées. Enfin, au mois de juin sera adopté le projet par l’ensemble des militants dans le cadre d’une Convention nationale. Projet pour le premier semestre, désignation aussi pour les élections législatives. Nous ferons en sorte que la parité et la diversité soient respectées. C’est un engagement que j’ai pris,il y aura autant de candidates que de candidats. Au mois de mars, les circonscriptions réservées à des femmes seront connues. En juin, l’ensemble de nos candidats seront désignés. Pour l’élection présidentielle, là aussi le calendrier est connu et a été arrêté par notre dernier congrès. C’est en novembre 2006 (même si pour certains c’est encore trop tôt et pour d’autres déjà trop tard) que nous désignerons notre candidate ou notre candidat. Ce calendrier a sa logique, son utilité et sa légitimité. La logique, c’est que nous ne pouvons désigner l’une ou l’un d’entre nous qu’une fois le projet adopté car notre candidat sera forcément celui du projet des socialistes. Il portera les idées socialistes, il pourra ajouter les siennes mais c’est par le projet socialiste que nous nous retrouverons tous. C’est la logique aussi de savoir dans quelle configuration nous allons désigner notre candidat, quel est l’état des forces en présence, l’état de la gauche, l’état de la droite. Là encore, si nous voulons avoir un accord avec nos partenaires de gauche, la moindre des choses c’est de laisser vivre cet accord pour ensuite désigner nous même notre candidat. C’est la logique. Il y a aussi une utilité. C’est mon rôle de Premier secrétaire de protéger les candidats à la candidature. A quoi servirait-il de s’exposer trop tôt au risque de s’affaiblir, avant même que la campagne ne commence ? Je pense aussi pour cette raison-là, le calendrier est le bon. Il sera tenu. Enfin, c’est la légitimité du vote des militants. Il y aura une désignation par les militants. Je suis le Premier secrétaire du respect du vote des militants et cela vaut aussi pour les décisions de congrès. Alors d’ici novembre, il y a beaucoup de talents au Parti socialiste et tant mieux. Travaillons collectivement, il y a une émulation, c’est normal, il y a de la patience aussi, elle est nécessaire.

D’ici là, nous engagerons une campagne d’adhésion dès le mois de février, pour offrir à la gauche le grand parti dont elle a besoin. C’est vraiment que nous n’avons pas là-dessus, réussi autant qu’on l’avait espéré. C’est vrai qu’il y a eu des tentatives, c’est vrai qu’elles n’ont pas toujours abouti, c’est vrai aussi qu’il y a dans d’autres partis d’autres formules d’adhésion parfois virtuelles à des partis eux-mêmes virtuels. Mais nous avons le devoir d’ouvrir plus largement nos portes et c’est pourquoi ces nouveaux adhérents, que j’espère nombreux, pourront choisir et le projet des socialistes et le candidat des socialistes.

Enfin, il faut que 2006 soit une année de vérité pour le rassemblement de la gauche. Je suis heureux qu’une date ait été trouvée, le 8 février, pour cette première réunion de la gauche, c’est une première étape. Ma conception du rassemblement est simple : toutes les initiatives pour s’opposer à la droite sont nécessaires, sur l’emploi il y a matière, sur les libertés ou encore plus récemment sur l’article 4 de la loi de février 2005. Il ne peut y avoir dans ce rassemblement contre la droite aucune exclusive et c’est ainsi que se préparent les désistements pour 2007 et en tout cas la différenciation entre la gauche et la droite, c’est une évidence. Mais le rassemblement de la gauche, ce n’est pas simplement l’addition de tous ceux qui combattent la droite, sans autre perspective que de contester ou de résister. C’est pourquoi, l’objectif que je propose, avec le Parti socialiste et avec toutes les forces de gauche qui le voudront, c’est la recherche d’un accord de gouvernement autour de propositions communes permettant de diriger ensemble le pays. Nous verrons bien si nous y parvenons, mais accord de gouvernement, c’est-à –dire, propositions communes pour diriger ensemble le pays. Il ne s’agit pas de forcer quiconque à une alliance programmatique ou à une participation d’ores et déjà à l’exercice du pouvoir. C’est à chaque parti de gauche de dire ce qu’il veut et au moment où il en décidera librement. Mais je le dis aussi avec force, il n’y aura de dynamique que dans l’unité et de confiance dans l’alternance que dans la cohérence et le respect. L’union c’est une condition de la crédibilité, et le contrat du gouvernement n’est pas simplement un contrat entre les familles de la gauche, c’est un contrat avec les Français et c’est ce que j’appelle la gauche durable. La gauche durable, c’est ce qui aussi, au nom du contrat de gouvernement, permet de conclure des accords électoraux avec les partenaires qui voudront aller dans ce sens. Tel est pour moi, l’objet de la réunion du 8 février, vérifier que nous sommes contre la droite, c’est une évidence, et ensuite rechercher la voie d’un accord permettant de gouverner ensemble le pays. Mais pour que nous donnions toute notre énergie à ce combat-là, il faut que le Parti socialiste montre l’exemple. Il veut des accords programmatiques, il doit être prêt à des accords électoraux dès le premier tour. Je le dis ici, le PS ne veut pas gouverner seul s’il gagne en 2007. Il doit donc assurer la représentation de la diversité de la gauche à l’Assemblée nationale. Et c’est pourquoi je propose que dans le cadre des accords électoraux, nous cherchions à permettre à nos partenaires de disposer d’un groupe parlementaire. Bien sûr que je prends un engagement au nom des socialistes que nous changerons le mode de scrutin au-delà de 2007 pour y introduire une part de proportionnelle et puisque cela ne se fera pas d’ici 2007, puisque la droite s’y refuse, alors nous les socialistes, nous devons rechercher des accords électoraux permettant la représentation de la diversité de la gauche. Enfin, si le moment venu, après avoir conclu l’accord de gouvernement, s’il a lieu, scelleés nos accords électoraux liés à l’accord de gouvernement , si alors l’idée d’une candidature commune de la gauche peut émerger, - je n’en sais rien aujourd’hui - il faudra ouvrir le processus des primaires associant les électeurs de la gauche au choix de leur candidat dans l’esprit de ce qui s’est fait en Italie, mais c’est vrai, dans un cadre institutionnel différent. D’ici-là, les socialistes auront choisi leur propre candidat.

Pour tout dire, cette année 2006, année de vérité, c’est une année pleine, il n’y a pas de temps à perdre. C’est en 2006, que nous devons proposer aux Français une espérance, offrir à la gauche un cadre de rassemblement, conclure les alliances nécessaires et surtout convaincre. En 2006, beaucoup sont dans l’attente, parfois dans l’impatience et parfois dans la retenue et pourtant 2006 est l’année décisive. C’est en 2006 que se décide le changement de 2007. Respecter le temps, ne pas nous laisser détourner de nos objectifs, être tenaces, être présents, être du côté des Français, ceux qui souffrent. Voilà ce que doit être, à mon sens, le vœu du Parti socialiste. Sortir d’abord de nos propres frontières, nous socialistes, ouvrir nos portes, rassembler la gauche, donner un espoir crédible et porter un message tout simple, élémentaire aux Français : Oui, en 2007, le changement est possible et ce changement ne passe que par la gauche.

Discours de François Hollande au 11 ème rassemblement des Secrétaires de Section - 29/01/06

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Cher ( e) camarade,

Je voudrais d’abord remercier Kader qui a animé cette journée avec François Rebsamen et l’équipe de direction du Parti et vous dire toute notre gratitude, pour votre présence, ce n’était pas facile. Vous êtes presque aussi nombreux que les autres années. Et la météo pas plus que le gouvernement de Villepin aura raison de nous.

Nous le savons le rassemblement des secrétaires de section est toujours un moment fort dans la vie de notre parti. Convenons que nous n’avons pas beaucoup de ces moments forts avant le grand rendez-vous de 2007.

Nous avons voulu faire de celui-ci la représentation d’un parti mobilisé, uni et ouvert. Mobilisé parce que c’est en 2006 que nous devons préparer 2007. C’est en 2006 que nous devons améliorer autant qu’il sera possible notre organisation, lancer notre campagne d’adhésion. C’est en 2006 que nous avons à proposer un projet à notre pays. C’est en 2006 que nous choisirons nos candidates, candidats aux élections législatives et aussi je ne l’oublie pas la présidentielle. Si je l’oubliais, d’autres m’en feraient le rappel. Nous aurons aussi à rassembler la gauche, toute la gauche celle qui veut gouverner. Et nous aurons surtout à convaincre nos concitoyens que l’espoir est ici avec nous et au-delà de nous. Nous sommes un parti mobilisé par la force militante qui est la nôtre et que nous voulons élargir. Mais nous sommes un parti uni et chaque jour qui me sépare du Congrès du Mans, me confirme que nous avons eu raison de faire synthèse au Mans et de nous rassembler comme socialistes, de dépasser ce qui nous avait séparé : le Oui, le Non, et de faire en sorte qu’ensemble nous portions maintenant le changement pour le pays. Comment aurions-nous pu convaincre nos concitoyens, de rassembler la gauche et porter un projet cohérent si nous étions restés là à nous regarder les uns les autres, à douter de nous-mêmes, alors je suis le Premier secrétaire de la synthèse, vous êtes les secrétaires de section, les militants de la synthèse et c’est ce qui permet aujourd’hui d’être non seulement rassemblés mais unis fraternellement pour préparer la suite.

Et puis nous sommes un Parti ouvert, en tout cas nous devons l’être davantage. Convenons qu’en 2005 nous nous sommes peut être trop tournés vers nous-mêmes. Alors 2006 c’est l’année où il faut regarder dehors et aller au plus près avec nos concitoyens. Avec celles et ceux qui doutent encore de la politique, leur dire combien le rendez-vous de 2007 est essentiel. En 2007, il s’agira de porter un coup d’arrêt à cette spirale infernale de déprime, de déclassement, de désespérance qui touche trop de nos concitoyens. Mais il ne s’agit pas simplement de faire un coup d’arrêt, il faut aussi lever aussi une nouvelle espérance. Donner une nouvelle ambition pour la France, donner du sens à l’action collective. Et voilà pourquoi nous devons faire ce choix de l’avenir. C’est vrai que la France va mal, elle n’est pas en déclin, elle est entre de mauvaises mains. La droite échoue, mais elle veut dissimuler ces échecs à travers une autosatisfaction qui paraît provocatrice. Elle nous parle de croissance sociale, au moment où il y a ni croissance, ni social. Elle nous parle de baisse du chômage alors qu’il y a depuis 2002 aucune création d’emploi supplémentaire. Il y a de plus en plus de jeunes ou de moins jeunes qui ne sont peut-être plus chômeurs mais qui sont écartés des règles de l’indemnisation, renvoyés au RMI et financés pour l’essentiel par les collectivités locales. Elle nous parle de maîtriser la dette, quand cette même droite depuis 2002 n’a cessé d’augmenter le déficit de l’état, déficit de la Sécurité sociale, pour atteindre un niveau record d’endettement public. Elle nous parle aussi de sécurité, elle nous en a beaucoup parlé de sécurité depuis 2002.

Et aujourd’hui que constatons nous ? L’augmentation des violences aux personnes qui ne cessent de se confirmer et l’accumulation de faits divers horribles qui pourraient justifier si nous n’étions pas des démocrates et des républicains, une exploitation honteuse, celle la même que nous avons subi en 2002 et que nous nous refusons aujourd’hui à commettre. Autosatisfaction insupportable d’entendre parler de compétitivité des entreprises quand le déficit du commerce extérieur n’a été aussi élevé : 25 milliards d’euros, près de 150 milliards de francs, jamais ce chiffre n’avait été atteint. Ce n’est pas simplement dû à la facture pétrolière mais tout simplement à la dégradation même de la capacité de nos entreprises à exporter. Voilà le résultat. Nous n’avons pas simplement un gouvernement d’autosatisfaits mais nous avons aussi un gouvernement de faux prometteurs. Car que de promesses ont été faites. Je ne parle pas des malheureux restaurateurs qui ont voulu croire un moment, mais le moment a duré, et pour certains il dure encore, qu’ils vont avoir la baisse de la TVA. Un dimanche aujourd’hui, il va sans doute être noir pour beaucoup de ceux-là. Alors avertissons les. Qu’ils ne se fassent pas de nouveau reprendre par de nouvelles promesses. Je suis surpris d’ailleurs de cet appétit de promesses de ces restaurateurs, ils connaissent le menu, la carte et même les suppléments. Ils n’auront rien, non pas parce qu’ils ne méritent rien mais parce qu’on leur a tout promis, ce qui ne pouvait pas forcément être tenu. Curieuse méthode, terrible méthode, qui ne déshonore pas uniquement les auteurs de ces promesses mais la politique et c’est plus grave. Car aujourd’hui l’abus n’est pas simplement sur telle ou telle catégorie mais aussi sur des priorités essentielles comme la recherche. On leur a fait croire qu’on allait faire 3% d’effort national pour la recherche par rapport à la richesse. Puis rien ne vient, si ce n’est le projet de loi. Cela ne coute pas cher de faire des lois, même des mauvaises. Alors c’est l’annonce rituelle par le Premier ministre de nouvelles lois, s’ajoutant aux autres, inflation législative, inflation verbale et qui se traduit par aucun acte concret, hélas, et souvent par du désordre.

On nous parlait de patriotisme économique, où est-il le patriotisme économique quand une entreprise comme ARCELOR se fait aujourd’hui menacer par une OPA ? Non pas simplement parce ce serait un groupe indien. Et que cela supposerait de notre part, je ne sais quelle prévention. C’est ça la mondialisation. Il y a aussi des indiens et des chinois. C’est pas là le sujet. Le sujet c’est quand on a dépensé autant d’argent public pour redresser la sidérurgie, c’est un comble de voir aujourd’hui le capitalisme prédateur venir là remettre en cause les emplois, en cause l’avenir industriel, en cause les régions. Et c’est vrai que ce qui manque aujourd’hui ce sont les politiques publiques, c’est une présence d’actionnaires publics et c’est aussi une politique industrielle. Mais nous sommes devant un gouvernement de faux-fuyants parce que si la politique de la droite échoue ce n’est jamais de sa faute, c’est comme le disait Henri, celle du modèle social qui serait paraît-il obsolète, du pacte républicain qui serait nous dit-on dépassé, ou des acquis sociaux qui seraient aujourd’hui exorbitants et nous assistons donc à une fuite en avant libérale. Puisque ce n’est pas de leur faute, il faut de nouveau que les salariés, les jeunes, les assurés sociaux, les retraités fassent de nouveaux efforts et de nouveaux sacrifices. Libéralisation fiscale ou à travers un bouclier on assure la protection des seuls bénéficiaire de hauts revenus ou des seuls titulaires de grande fortune. Libéralisme économique où on démantèle, privatise les grands services publics. Et libéralisme social à travers le contrat première embauche qui lui-même était inventé avec le contrat nouvelle embauche et qui précède forcément le contrat unique qui sera proposé au mois de juin par le Premier ministre. Je ne sais pas ce que sera la contestation sociale et il ne nous appartient pas de le dire. Ce que je sais c’est que nous avons-nous, socialistes, une responsabilité particulière, d’abord de mener là où nous sommes, c'est-à-dire dans les assemblées de la République le combat contre cette précarisation du travail, de faire en sorte là où nous sommes, comme militant du premier Parti de France, d’aller au contact de nos compatriotes et de les informer. Pas simplement les jeunes, mais tous ceux qui peuvent être demain victime de ce contrat de précarité. Et puis, il nous revient enfin de donner des débouchés politiques pour 2007. Nous ne sommes pas des organisateurs de manifestations, nous ne sommes pas là pour décréter l’urgence sociale. Nous sommes là pour offrir à notre pays, à nos concitoyens l’espoir dont ils manquent aujourd’hui.

Le Parti socialiste doit être le parti du changement, Nous avons un projet pour le changement, nous avons à désigner des candidats pour le changement, nous avons à rassembler la gauche, toute la gauche pour le changement. Et nous avons à assurer en 2007, la victoire du changement. Voilà le mot d’ordre le Changement. Changement d’abord à travers un projet. Un projet pour la France. Car i l y aura pour la France en 2007, une confrontation entre deux projets pour la France. La droite a le sien, elle divise, elle oppose. Elle fait peur, elle sépare, elle fait de nouveau surgir les vieux spectres de l’immigration et de l’insécurité pour mieux mobiliser une partie de la France contre une autre. Voilà le projet de la droite. Le nôtre, c’est une France réconciliée avec elle-même confiante dans son avenir, une France harmonieuse, une France solidaire, Une France qui sait où elle va et qui effectivement a confiance d’abord dans ses atouts, dans sa population, dans ses forces vives. Voilà pourquoi, Chers amis, Chers Camarades nous devons parler de la France. Notre projet ne sera pas l’addition de revendications, l’accumulation de propositions, la superposition d’annonces catégorielles. Nous avons une élévation plus grande, de notre conception de la politique, nous devons parler à la France, aux Français et aux Françaises pour savoir exactement où ils veulent aller avec nous et jusqu’où. Voilà pourquoi notre projet doit fixer d’abord de grandes priorités et mettre des choix clairs et fournir des engagements précis. D’abord sur l’éducation et sur l’emploi, et puis ensuite comme il a été précisé sur l’ensemble des sujets qui nous paraissent aujourd’hui essentiels pour la vie des Français. Je propose pour l’éducation et l’emploi un double contrat : un contrat générationnel et un contrat professionnel. C’est vrai que sur l’éducation, et je partage ce que disait Vincent : nous devons pas là encore ajouter des revendications les unes les autres, promettre simplement des suppléments de crédit comme souvent et demander un supplément d’âme. Mais nous devons d’abord que l’éducation soit un modèle de société, que nous fixions trois objectifs simples à travers l’éducation, c’est une citoyenneté pleine et active que nous voulons atteindre. C’est une qualification durable que nous devons proposer, et c’est une société de la connaissance que nous voulons organiser.

Sur l’éducation, je fais donc cinq propositions que nous soumettrons au débat :

  1. Tout enfant à partir de trois ans a le droit d’être scolarisé. C'est-à-dire, la scolarisation obligatoire à partir de trois ans. Si nous voulons donner à la lutte contre l’échec scolaire, faire que l’égalité des chances ne soit pas un mot mais une vérité, si nous voulons que chaque enfant dans notre pays chaque enfant puisse avoir l’accompagnement auquel il a droit, il faut qu’il soit scolarisé le plus jeune possible.

  2. Tout élève du primaire en difficulté doit avoir un accompagnement individuel. C’est pourquoi nous devons refuser l’abaissement de la scolarité obligatoire. Nous devons affirmer que a la scolarisation obligatoire, elle est jusqu’à 16 ans et ne pas renoncer à cette volonté collective de former tout jeune de notre pays pour lui donner une chance réelle de succès. Pour le collège, comme pour les écoles qui sont dans les quartiers les plus difficiles, nous devons prévoir une dotation en personnel, en fonction précisément des difficultés rencontrées établissement par établissement, pour assurer à la fois l’efficacité de la formation et la sécurité du personnel comme des enfants qui y sont accueillis.

  3. Nous devons aussi faire une proposition simple : que chaque lycée doit être un lycée d’excellence et qu’il est normal que dans chaque lycée il y ait une part de ces élèves qui aillent dans les meilleures classes préparatoires de la République. Il n’est pas normal que ce soit toujours les mêmes élèves des mêmes catégories sociales qui aillent dans les grandes écoles de la République.

  4. Et puis il faudra proposer un parcours pour les étudiants permettant en cinq ans de mettre au même niveau la dépense par étudiant, que la dépense par lycéen, il n’est pas normal que l’on consacre moins pour les étudiants que pour les lycéens.

  5. Enfin il y a ce droit à la formation tout au long de la vie qu’il faut affirmer. Tout ne se joue pas dans la formation initiale, il faut donc créer un compte individuel à la formation. Organiser collectivement. C'est-à-dire un compte pour chaque salarié où les droits à la formation seront d’autant plus forts, d’autant plus longs, d’autant plus financés, que précisément la formation initiale a été courte. La seule manière de réduire sur toute la vie des inégalités, c’est de fournir à celles et à ceux qui n’ont pas pu justement se former dans les premiers âges de la vie adulte , les moyens de le faire tout au long de leur vie professionnelle. Voilà pourquoi nous porterons cette revendication, cette proposition du droit à la formation sur toute la vie. L’éducation, c’est le principe premier de notre projet politique et nous en débattrons dans le cadre de nos états généraux. Nous en débattrons largement dans le parti. Bien sûr, avec les personnels concernés, avec l’ensemble des parents, des étudiants et des élèves.

Sur l’emploi Nous sommes devant un choix crucial. D’abord partons de nos hypothèses. Ce n’est pas la flexibilité qui permet l’embauche. C’est la croissance. Parce que nous de 1997 à 2002, il y a eu la croissance. Et c’est parce qu’il y a eu la croissance, qu’il y a eu 2 millions d’emplois ; dans le cadre du droit du travail tel qu’il est. Dans le cadre des lois aujourd’hui démantelées par le pouvoir. Ce n’est pas non plus la précarité qui fait l’emploi. Je dirais même l’inverse. C’est la sécurité professionnelle qui crée la confiance qui elle-même permet la croissance. A quoi avons-nous assisté depuis quatre ans ? 22 milliards d’euros d’exonérations de cotisations sociales supposées favoriser l’embauche, la loi de modernisation sociale et la remise en cause même du licenciement économique tel que nous l’avions défini, l’élévation des seuils pour les obligations de représentation du personnel, la facilitation de l’intérim et tout cela sans aucune création d’emploi supplémentaire par rapport à l’année 2002. Pas un emploi de plus, pas une compétitivité améliorée pour les entreprises parce que le déficit commercial n’a jamais été aussi élevé. Voilà pourquoi nous sommes effectivement devant deux logiques. La logique de la précarisation sur toute la vie professionnelle, c’est le modèle de la droite. Et la logique de la sécurisation sur toute la vie professionnelle, ce doit être la nôtre. Alors j’en viens au contrat première embauche puisque c’est d’abord sur les jeunes que l’on fait porter l’expérimentation de ce qui se ferait bientôt à l’échelle de toutes les entreprises et de tous les salariés. L’argument, on le connaît parfaitement, celui du pouvoir, c’est de dire aux jeunes vous n’avez rien à perdre avec le contrat première embauche, puisque vous n’avez déjà plus rien. Prenez cela, vous ne risquez rien, vous n’avez rien. C’est mieux même qu’un stage pas rémunéré, mais,pourquoi ne rémunére t-on pas les stages ? C’est mieux qu’un intérim, mais pourquoi ne rend t-on pas plus difficile le recours à l’intérim ? C’est mieux que le contrat à durée -déterminée, parce que le CDD, on en connaît déjà la durée. Avec un contrat première embauche, on n’en sait même pas la durée. Si c’était une avancée le CPE, et si le CNE qui a été proposé l’été dernier, était un progrès. Pourquoi le CNE a été adopté par voie d’ordonnance et non pas en débat parlementaire ? Et pourquoi ce CPE n’a-t-il pas été soumis aux partenaires sociaux avant qu’il ne devienne un projet de loi de la République ? Tout simplement parce que tous les syndicats, je dis bien tous les syndicats sont contre ce CPE. Et pourquoi a-t-on recouru à la voie d’amendement d’un texte paraît-il sur l’égalité des chances pour faire passer le CPE ? Parce que le pouvoir savait bien que ce texte pouvait susciter réprobations et critiques et notamment des jeunes et que précisément parc les jeunes étudiants étaient en vacances universitaires au mois de février. Et qu’il y avait donc opportunité à faire passer ce texte le plus vite possible par la voie d’une urgence et rattacher par la voie de l’amendement, un autre projet de loi sur l’égalité des chances, alors même que va être introduite une discrimination à l’égard des jeunes de notre pays. Si le gouvernement pensait que ce texte était une avancée, pourquoi ne dirait-il pas la vérité aux jeunes, c'est-à-dire que pour toutes les catégories d’emplois, pour tous les diplômes, la seule formule pour un jeune d’accéder désormais au marché du travail, ça sera sous la forme d’un CPE. Voilà la réalité, voilà ce que l’on veut cacher à nos concitoyens et pas seulement aux plus jeunes. Parce que ce qui est aujourd’hui engagé à travers le CPE, c’est le contrat unique de travail qui aboutirait à placer la précarité comme seule mode d’accession à l’emploi. Alors c’est vrai, si nous sommes opposés à ce démantèlement, nous avons le devoir de faire des propositions.

Nous faisons une proposition pour les jeunes, pour les jeunes qui sont les moins qualifiés, pour les 150000 qui sont sortis du système scolaire sans formation leur permettant d’avoir un diplôme reconnu par les conventions collectives. C’est vers ceux-là d’abord qu’il faut faire porter la priorité publique et c’est la raison pour laquelle nous proposons ce contrat de formation pour les jeunes en difficulté comme d’abord nous l’avions proposé dans le cadre des emplois jeunes, emplois jeunes dans le secteur public ne les oublions pas, nous le rappelons aujourd’hui, qui les a supprimé ? la droite, qui doit les rétablir ? la gauche, car il faudra les rétablir, emplois jeunes dans le secteur public et emplois formation contrat emploi formation dans le secteur privé car il est normal il est légitime de proposer un contrat à durée indéterminée à un jeune et d’avoir en contrepartie, lorsqu’un effort de formation est consenti une aide des pouvoirs publics pour que l’employeur fasse cet effort, consacre cette énergie à donner à un jeune la qualification qu’il attend dans l’emploi. Voilà pourquoi, face au CPE nous proposons ce contrat de sécurité de formation. C’est la seule manière de proposer à un jeune un vrai contrat de travail à durée indéterminée et à l’employeur, le moyen d’assurer sa formation. Mais il faut aller au-delà de ce qui est proposé pour la jeunesse. Nous avons à proposer un contrat de travail durable et un contrat de reclassement pour celles et ceux qui sont victimes de licenciements collectifs. Le contrat de travail durable, c’est le contrat à durée indéterminée, mais il est logique, dès lors qu’il existe d’autres formules de faire moduler les cotisations sociales selon la durée des contrats. Oui, il faut que les employeurs payent moins de cotisations quand le contrat est à durée indéterminée et en payent davantage quand il s’agit d’intérim ou de CDD et de la même manière disons-le, il faudrait aussi prévoir des cotisations dégressives selon l’ancienneté des salariés dans l’emploi et si nous avons proposé les premiers, on me dit que le Président de la République nous a repris l’idée, tant mieux ! - encore qu’avec lui, les idées tournent mal et qu’une bonne idée proposée par nous, dès qu’il l’a reprise, devient un mauvais texte, mais si on nous a repris cette idée de cotisations sociales qui ne seraient plus assises sur les seuls salaires mais sur la valeur ajoutée, c’est parce qu’il n’est plus tolérable que dans une entreprise, on paye d’autant plus de cotisations qu’il y a de l’emploi et d’autant moins qu’on en supprime. Et voilà pourquoi, il faut changer profondément les règles du financement de la sécurité sociale. C’est ce que j’appelle le contrat de travail durable mais il y a aussi, et nous avons suffisamment de respect à l’égard de nos concitoyens, pour leur dire qu’il y aura toujours hélas et des licenciements et des plans sociaux, nous croiraient-on si on promettait le contraire ? Mais ce que nous devons garantir, c’est que chaque salarié, qui sera victime d’un plan social ou d’un licenciement collectif, devra avoir un contrat de reclassement. Ce qui veut dire, non pas retourner à l’ANPE, non pas connaître le chômage mais passer de l’emploi à l’emploi. Que le service public de l’emploi négocie avec le salarié un contrat lui permettant de suivre une formation, une qualification, et le retour à l’emploi. Et c’est ainsi que nous construirons, avec les partenaires sociaux, avec le service public de l’emploi, cette sécurisation du parcours professionnel. Moi, je le dis ici, la précarité ne crée pas d’emplois, la sécurité fait la productivité et la compétitivité. Beaucoup d’employeurs l’ont compris et c’est pourquoi d’ailleurs, je ne veux pas que l’on confonde tous les employeurs avec le MEDEF. Beaucoup d’employeurs savent bien que pour avoir le meilleur rendement, oui le meilleur rendement, la meilleure productivité économique et sociale, il faut donner de la stabilité, il faut donner de la confiance, il faut donner de la cohérence, il faut donner de la visibilité et c’est ainsi que l’on obtient des ressources humaines, la meilleure mobilisation. Voilà, chers camarades, ce que nous devons dire aujourd’hui.

Le moment est grave, parce que beaucoup s’interrogent, le fatalisme est tel que bien de nos concitoyens ne savent plus s’il faut encore faire confiance aux règles du droit du travail. Si finalement, il n’y aurait pas intérêt à tout abandonner pour espérer, même avec un droit du travail abîmé et une protection sociale elle-même réduite, connaître enfin le retour vers l’emploi. Eh bien, nous devons leur dire, que dans le cadre d’une négociation puis d’une responsabilité collective, nous avons à fixer les règles, nous avons à donner au contraire de la perspective et c’est ainsi que le pays peut reprendre confiance en son destin.

Projet du changement, nous aurons, dans les mois qui viennent, à évoquer les autres sujets : logement avec le dispositif de défiscalisation Pinel , environnement, sécurité, démocratie, mais je fais confiance aux états généraux que nous allons organiser et au parti pour alimenter notre réflexion dans le cadre de la commission du projet, mais ce que nous devons dire, c’est que notre projet, doit être un projet de changement ; mais pour cela, il faut aussi que nous soyons le parti du changement, ce qui suppose de nous ouvrir, et Jack Lang a fait des propositions qui seront demain nos règles pour l’adhésion de notre parti. Ce n’est pas la première tentative, j’en conviens, c’est pas la dernière, sûrement, mais quand même, il faut changer et nos pratiques, et nos états d’esprit et nos règles parce que l’adhésion au Parti Socialiste ne peut pas susciter de soupçons avec cette question : mais pourquoi vient-il ou vient-elle nous rejoindre ? Qu’est-ce qui fait que nous sommes devenus aimables, n’y aurait-il pas de risques pour nous-mêmes ou pour telle ou telle désignation ? Mais adhérer au PS devrait de notre part être salué comme une reconnaissance, comme un honneur qui nous est consenti, et c’est pourquoi je veux, nous voulons tous, que le PS s’ouvre largement. Nous ne devons avoir peur de rien. On voit souvent des camarades qui sont venus pour voir et qui restent souvent longtemps et prennent même des responsabilités, donc nous ne devons avoir peur de rien, peur de rien, peur de telle ou telle désignation, je fais confiance moi aux militants du parti, aux nouveaux comme aux anciens, quand il s’agira de choisir au moment des législatives ou de la présidentielle, de prendre celui ou celle qui nous fera gagner, tout simplement. Pensez-vous que les gens vont entrer pour nous faire perdre ? Même ceux qui sont là ne veulent pas perdre alors pourquoi ceux qui nous rejoignent voudraient perdre. Ils choisiront le meilleur ou la meilleure, ils ne se tromperont pas. Alors, à partir de là, ouvrons, ouvrons largement. On nous dit « c’est terrible, ils pourraient venir par internet », mais à un moment le virtuel devient le réel. Ce qui est plus grave, c’est quand ils nous écrivent et qu’on ne leur répond pas. Alors, faites en sorte, chers camarades, que nous soyons plus nombreux encore, plus fiers de nous. Moi, je ne dis pas çà parce qu’il y aurait à craindre de l’UMP, parce que là déjà ils commencent à renoncer aux primaires, je lisais dans le journal, c’est vrai que pour l’UMP, le choix est déjà fait, si j’ai bien compris, on adhère pas à l’UMP, on adhère à Sarkozy, d’ailleurs c’est le parti de Sarkozy, c’est le parti organisé pour lui, par lui, avec lui, et si je puis dire, la messe est dite. Nous devons simplement pour le service que nous avons à rendre au pays, être plus nombreux. Il faut aussi que nous soyons le parti du changement dans les règles de désignation, là nous avons pris de l’avance pour la parité mais enfin ce qui revient des fédérations est déjà un effort méritoire et je veux saluer les premiers secrétaires des fédérations et puis aussi les secrétaires de section qui y ont contribué mais il faudra bien respecter l’objectif, tout l’objectif, toute la parité, rien que la parité parce que quand même le parti qui a légiféré sur la parité, le nôtre, avec Lionel Jospin, doit être le parti qui applique la parité et je le dis aussi pour l’avenir. Si nous revenons aux responsabilités, moi je propose, avec le parti, qu’on double ou l’on triple même les pénalités pour les partis qui ne respectent pas la parité. Serait-il logique, si on y réfléchit bien, au bout d’un certain moment de continuer à verser des dotations publiques à des partis qui ne respectent pas la loi, donc je crois qu’à un moment, laissons le temps, pénalisons pendant une période, mais il faudra aussi dire que les partis qui justement font obstacle à l’application de la parité, ne doivent plus recevoir de dotations publiques. Qu’ils fassent ce qu’ils veulent, mais au moins pas avec l’argent de l’Etat.

Enfin, il faut aussi faire la diversité, nous l’avons dit, ce ne sera pas le plus facile. Nous ne sommes pas là dans des règles de quota ou autre, nous sommes là dans des règles au contraire d’exigence morale, d’exigence politique, si nous voulons représenter toute la société, si nous voulons parler fort dans les quartiers, si nous voulons exiger qu’il n’y ait plus aucune discrimination dans notre pays, il faut qu’il n’y ait pas de discrimination non plus dans notre parti.

Je termine, chers camarades, projet du changement, parti du changement, rassemblement aussi pour le changement, le parti socialiste veut l’union, l’union de la gauche pour gagner, l’union de la gauche pour réussir, parce qu’il n’y aura pas de victoire s’il n’y a pas une dynamique unitaire permettant de dépasser tous les clivages d’hier et pas simplement européens. Mais il n’y aura pas non plus d’union s’il n’y a pas une responsabilité commune. Il s’agit pour nous bien sûr de battre la droite, c’est bien le moins, mais de battre la droite pour réussir ensemble le gouvernement de la France. Oui, toute la gauche, celle qui veut gouverner, doit se mettre dans la perspective de gagner 2007, de battre la droite, oui bien sûr mais de prendre ensuite la responsabilité pour le pays de faire le changement attendu. Et c’est pourquoi la réunion du 8 février, dont on dit qu’il y aurait quelques problèmes pour les invitations, je veux répondre chacun est invité, que faut-il encore que nous soyons sur un ordre du jour, ne nous préoccupons pas d’ailleurs de formules, de politesse. Quel est cet ordre du jour, quelle est cette exigence même du jour : riposter à la droite, et notamment sur le CPE, premier élément de notre ordre du jour. Deuxièmement, créer un comité permanent avec toutes les formations de la gauche et des écologistes pour précisément voir les initiatives utiles. Et puis enfin, préparer ensemble la manière qu’il conviendra aux échéances de 2007. Voilà notre tâche. Voilà notre obligation. Un projet de changement, un rassemblement peut porter ce projet et puis des désignations le moment venu. Voilà ce qui nous occupera, chers amis, chers camarades, en 2006. Rendre le changement possible, un vrai changement, pas celui des mots où l’ on nous parle de rupture pour faire la même chose. On nous parle – nous dit-on - d’indépendance pour faire avec les mêmes, parce que finalement, ce que veut faire Sarkozy, c’est ce qu’a fait déjà Chirac et avant Chirac, d’autres ; à droite, c’est la même politique, peut être avec encore plus de volonté d’aller plus vite et jusqu’au bout. Et lorsque Bayrou nous parle d’indépendance, c’est peut-être par rapport à tel ou tel au sein de son mouvement, mais ce n’est pas une indépendance par rapport à l’UMP. Chacun sait aujourd’hui que les alliances qui se feront, à droite, se feront entre l’UDF et l’UMP et que le seul changement possible, c’est le nôtre, celui que nous représentons et la seule rupture qu’il faut organiser, chers amis, c’est la rupture avec le chiraquisme comme méthode et avec le libéralisme comme politique. Voilà le changement que nous devons offrir à nos concitoyens. Mais un changement crédible, avec des propositions audacieuses, certes, mais qui donnent un espoir possible pour l’emploi, pour l’éducation, pour le logement, pour l’environnement, pour la démocratie et enfin un changement durable et j’y vois du temps pour l’action, disons-le, dès aujourd’hui. Et s’il faudra de l’effort, disons-le dès aujourd’hui. Et s’il faudra, oui, une solidarité par l’impôt, disons-le dès aujourd’hui. Faisons en sorte que nous soyons nous, les socialistes, une force de changement. Changer bien sûr de président, je crois que c’est déjà acquis ; changer de majorité, nous avons là un rendez-vous en 2007, un double rendez-vous ; changer de politique, changer d’avenir, changer de cap, changer de perspectives. C’est ce changement-là dont vous êtes aujourd’hui porteurs, vous les militants socialistes d’aujourd’hui, militants socialistes de demain, si vous nous rejoignez, vous devez être les militants du changement, de l’alternance, de l’espoir en 2007. Merci

Discours de François Hollande au Congrès du Mans

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(...) Que les Français soient sûrs, là, s’ils nous regardent, que nous sommes maintenant en mouvement, que nous ne laisserons passer aucune occasion de marquer notre identité, de donner nos propositions, de faire valoir nos arguments. Rien ne viendra désormais nous éloigner de la seule perspective que l’on s’est fixé ici au Mans : porter un projet, rassembler la gauche, réussir le changement en 2007, nous serons tous ensemble dans ce combat, nous serons tous ensemble pour rendre possible la victoire. Aujourd’hui, la victoire est possible, à nous de la rendre inéluctable.(...)

Discours de François Hollande - Congrès du Mans – 20 novembre 2006

Chers camarades, ici, au Mans, le message de notre congrès est limpide, simple, évident : les socialistes sont désormais tous rassemblés pour servir la France. Notre congrès était attendu. Ce congrès était redouté, y compris par nous. On nous annonçait le pire, nous avons réussi le meilleur. Notre rendez-vous était décisif, on le sentait bien, d’abord parce que c’était le centenaire, cela crée des obligations à cet âge, ensuite parce que nous sommes à dix-huit mois d’une échéance décisive, après trois ans et demi de politiques de droite, destructrices pour la France. Enfin, le contexte nous obligeait à renouer le fil, ce contexte qui est celui d’une crise sans précédent que traverse notre pays.

Alors, notre congrès, son résultat, mais aussi son déroulement, est une bonne nouvelle. Une bonne nouvelle pour les socialistes, bien sûr, après tant de mois de débats internes qui finissaient par nous lasser et surtout qui commençaient à lasser nos électeurs. C’est une bonne nouvelle pour la gauche, qui trouve, quand nous allons bien, que nous sommes trop forts, et qui commençait, et je ne m’en plains pas, à s’inquiéter de nos propres divisions. Eh bien que la gauche soit rassurée, le Parti socialiste est uni, et c’est autour que la gauche va se rassembler. Et puis notre congrès est une bonne nouvelle pour la France, la France qui aspire au changement sans encore l’entrevoir. La France qui espère sans trop y croire l’alternance. Nous avons répondu comme il convenait : l’unité est faite. La volonté s’est affirmée, et la vérité a été dite. Soyez-en tous remerciés. D’abord les amis de la Sarthe et du Mans, Jean-Claude Boulard, le maire, Patrick Delpech, le Premier secrétaire de la fédération, ce succès, nous vous le devons, car l’accueil compte beaucoup, l’hospitalité aussi, et la météo nous a servi. Elle aussi était de bonne humeur. Remercier également les délégations étrangères qui nous retournaient cette belle formule internationaliste : « Socialistes de France, unissez-vous. » Nous l’avons fait. Et puis remercier les délégués du congrès pour votre attitude tout au long de ces trois jours qui a fait souffler un esprit de rassemblement sur la commission des résolutions. Je sais que notre synthèse n’allait pas de soi, qu’elle faisait débat au sein de chaque sensibilité, qu’elle pouvait se faire, et c’était le risque, dans la confusion, l’artifice, le faux-semblant.

Alors, pour nous, cette synthèse n’est pas la conclusion d’un moment, une habileté de langage ou d’écriture, un compromis savant qui ne durerait pas huit jours. Non. Cette synthèse, c’est un processus, c’est une dynamique, c’est une force, c’est une action en mouvement, c’est cette synthèse qui va permettre maintenant de changer la donne. Si les socialistes ont rendu possible cette synthèse, c’est parce qu’ils ont tous fait l’effort et qu’ils doivent en être fiers. D’abord, dans la motion majoritaire, qui aurait pu considérer qu’elle avait toute liberté pour diriger le parti dans le respect du vote, mais qui a su comprendre que 55% de socialistes, c’est bien, mais 100% de socialistes, c’est mieux. Et puis, les amis des autres motions qui auraient pu s’incliner sans rien céder de leurs convictions en attendant des jours meilleurs, c’est-à-dire des jours pires pour nous tous, et qui ont regardé au-delà de cette enceinte, au-delà de leurs propres intérêts, au-delà de leur propre sensibilité, et qui comme les amis de la motion 1, ont voulu s’adresser à tous ceux qui ne sont pas là, c’est-à-dire d’abord aux Français, à ceux qui espèrent en nous, qui attendent de nous, qui veulent une gauche forte, et qui attendent un Parti socialiste uni. Nous l’avons fait.

Chers camarades, vous n’avez pas, en faisant ce vote servi simplement votre parti, vous avez servi la politique, parce que moi je suis fier d’être dans un parti avec des sensibilités, et pas seulement des personnalités, un parti qui sait ouvrir le débat. Mais je le dis aussi, en prenant une formule bien ancienne, d’un camarade qui n’était pas socialiste mais qui était quand même un camarade : « Il faut à un moment savoir terminer un débat. » Terminer le débat dans la cohésion et dans le respect. C’est ce rassemblement aujourd’hui qui nous permet de dépasser ce qui nous a séparés, le oui, le non, sans rien renier les uns ou les autres de nos convictions, sans rien oublier non plus du vote qui était intervenu au sein de notre parti, sans rien occulter non plus du vote prononcé par le pays, et qui nous amène aujourd’hui ensemble à regarder vers l’avenir, et non pas à nous tourner de manière rituelle, insupportable, vers le passé. Le seul mois de mai qui nous intéresse aujourd’hui, c’est le mois de mai 2007, pas le mois de mai 2005. Voilà le mois de mai qu’il faut réussir ensemble.

• Notre rassemblement doit effacer les amertumes, il y en a. Les blessures, il y en a eu, les mots inutiles, trop nombreux dans notre famille politique. Et les comportements, nous ne les oublierons pas, mais ils ne sont plus d’actualité. Le temps de la confrontation entre socialistes est fini. Ce qui doit aujourd’hui nous mobiliser tous, c’est le combat principal contre la droite, c’est l’enjeu de l’échéance de 2007. Je n’ai pas d’adversaires, plus d’adversaires au sein du Parti socialiste, je ne vais pas gagner des batailles contre d’autres socialistes, c’est contre la droite ensemble qu’il faut maintenant partir en mouvement, pour aller jusqu’à la conquête en 2007.

Voilà le temps venu de nous adresser aux Français, de leur redonner espoir en nous, de porter un projet et de répondre enfin à leurs problèmes. Notre congrès du Mans se tient à un moment exceptionnel. La France vient de vivre une crise d’une immense gravité. Trois semaines d’émeutes urbaines, 10 000 voitures brûlées, des écoles saccagées, des agents publics agressés, 3 000 jeunes interpellés, beaucoup condamnés, bref, un immense gâchis qui révèle l’état de notre société, les ratés de notre modèle républicain, mais aussi l’échec de la droite.

Et permettez-moi de commencer par là, non par esprit de système, mais par lucidité, car tout de même, qui a supprimé les emplois jeunes de notre pays, qui a démantelé la police de proximité, qui a réduit les subventions aux associations, qui a renoncé à la prévention ? La droite. Qui a abandonné les services publics, qui a renoncé à la priorité pour l’école, qui a surchargé les collectivités locales même les plus pauvres, qui a troqué la laïcité républicaine contre le communautarisme électoral ? La droite. Qui a allumé les mèches par ses provocations verbales ? Qui a même récidivé, comme par bravade, par foucade, et sans doute par calcul ? Car l’échec de l’UMP, et c’est bien ce qui doit aujourd’hui nous interpeller, est aussi une opportunité pour elle de choisir son terrain, pour la prochaine confrontation, de trouver son registre dans les thématiques de l’extrême droite, où l’on accuse maintenant les enfants de polygames d’être les fauteurs de troubles dans les banlieues, où l’on met en cause le regroupement familial, où l’on pointe l’immigré comme le responsable de l’insécurité. Et l’on ressort le complot islamiste pour expliquer ce qui s’est produit. Hélas, la droite crée le désordre social pour incarner l’ordre public, alors qu’elle ne parvient même pas à faire respecter l’autorité de l'État.

Qu’aurait-elle dit si ces émeutes s’étaient produites avec un gouvernement de gauche ? Le laxisme aurait été dénoncé, les responsabilités pointées, les démissions exigées. Il est possible même que le président de la République, celui-là, serait même intervenu plus tôt à la télévision pour dénoncer la situation. C’est possible, c’est certain. Mais nous ne pouvons pas le savoir parce que, quand même, il faut le dire, quand nous étions, nous, aux responsabilités, il n’y a jamais eu d’émeutes urbaines pendant trois semaines, jamais eu ces violences, ces déchaînés attaquant les services publics et notamment les écoles saccagées, non pas qu’il n’y avait pas de crise, mais elle n’avait pas pris cette intensité. La poudrière, comme l’a dit Claude Dilain, le maire de Clichy-sous-Bois, n’avait pas explosé, même si, sans doute, était-elle déjà présente.
Ce serait en effet trop simple que de laisser penser que cette crise n’aurait qu’un caractère conjoncturel, qu’elle ne tiendrait qu’à une maladresse, qu’à un cortège de mauvaises décisions ; c’est plus grave. Cette crise, elle est l’accumulation de choix collectifs. C’est une politique urbaine inhumaine, qui entasse les mêmes populations dans les mêmes quartiers, qui maintient des jeunes sans formation, sans qualification, qui propose une politique éducative uniforme, qui met les emplois en dehors des quartiers populaires. Bref, nous avons aussi notre part dans ces choix collectifs et nous devons les assumer.
Mais notre société est devenue discriminatoire. Aux inégalités sociales que vivent les habitants de ces quartiers, se sont ajoutées des discriminations dont ils sont victimes, pour l’accès à la formation, à l’emploi, au logement, aux loisirs, pour l’accès même à la citoyenneté. Ils sont à la fois pauvres et différents, double fatalité qui pèse sur eux. Ce n’est pas simplement une crise sociale que notre pays traverse, mais une crise démocratique. Autant un problème de budget, de priorités, qu’une question de sens, car les jeunes de ces quartiers ne vivent pas simplement une condition économique défavorisée, et c’est le cas, avec le chômage, la précarité, les faibles revenus, mais une condition humaine de relégués dans des cités devenues des ghettos.
Cela n’excuse pas les violences, d’autant moins qu’elles frappent les biens individuels de ceux qui vivent dans ces quartiers et les biens collectifs prévus pour leur famille. La République ne peut accepter le manquement à la loi, l’atteinte aux biens et aux personnes, et la mise en cause de ses symboles. Je pense notamment aux écoles, encore faut-il que la République elle-même réponde à ses promesses d’égalité et de fraternité. Or elle apparaît, cette République que nous chérissons tant, sur notre territoire, comme une devise à éclipses, comme une ligne en pointillés, comme un cadre éclaté. Où est la République quand l’école ne retient pas ses élèves, quand il y a 20 000 ou 30 000 déscolarisés ? Où est la République quand des jeunes ne sont pas conduits à un diplôme ? Où est la République quand le taux d’échec scolaire dans ces quartiers est trois fois supérieur à la moyenne nationale ? Où est la République quand l’université, de rêve longtemps inaccessible, devient une réalité sans débouchés, faute de moyens, faute d’encadrement, faute de véritable orientation ? Où est la République quand le droit du travail se réduit, au mieux, à la précarité, à l’intérim, et au pire, au désoeuvrement et au trafic ? Où est la République quand il devient impossible de sortir de son quartier pour y trouver un logement, et quand les centres villes installent de nouvelles frontières, de nouveaux barrages, avec les banlieues. Où est la République quand les parents ne peuvent voter aux élections locales, et quand les enfants ne peuvent s’y faire élire ?
Où est la République quand on ferme purement et simplement la porte à ces hommes et à ces femmes des plus hautes assemblées représentatives de la Nation ?
On a cherché vainement, chers camarades, les députés issus de l’immigration. On ne les a pas trouvés.
Il y avait bien un ministre, il n’a pas été sans courage face à son collègue de l’Intérieur, mais il est apparu pour ce qu’il était, un symbole. Oui, un symbole de solitude et nous en portons nous aussi la responsabilité.
Le suffrage universel, en France, existe depuis 1945. Mais il n’existe toujours pas de fonctions électives universelles dans la République puisque certains n’y ont toujours pas accès aujourd’hui.
L’un de nous disait que le bulletin de vote a peut-être perdu lui aussi du pouvoir d’achat. Sans doute. Mais il reste l’instrument du changement, le moyen de renverser la donne, de briser la fatalité. À nous de rendre ce bulletin de vote utile, à nous de rendre la politique crédible, à nous de le montrer chaque jour sûrement avec nos maires, avec nos élus. Et je dois dire, pour garder peut-être une image de notre congrès, que l’intervention de Claude Dilain a été pour nous tous un élément à la fois de fierté et d’interrogation. Merci à tous les maires socialistes d’avoir fait votre travail, merci aux élus des Départements, des Régions d’avoir assumé votre tâche. Mais cela ne peut pas suffire. Nous ne sommes pas là simplement pour être disponibles, pour éviter les incendies, pour amortir les chocs. Nous aspirons à gouverner, alors engageons-nous. Nous proposons, à travers la résolution qui va vous être distribuée au terme de ce congrès, nous proposons une loi de programmation pour les quartiers. Il faut maintenant garantir un engagement durable de l'État, fournir un effort massif de la Nation, autant en direction des habitants que des territoires. Cette loi engagera des moyens financiers à hauteur de 1 % de la richesse nationale par an. L’exécution de cette loi sera vérifiée par la tenue d’une conférence annuelle rassemblant les élus locaux, les services publics, les associations, les travailleurs de terrain. Et ces associations ne peuvent plus être considérées comme les seuls intermédiaires pour régler la crise. Ce sont d’abord les politiques publiques qui doivent intervenir. La seconde priorité que nous mettons, c’est celle pour l’éducation. Nous nous engageons donc à ramener les effectifs à quinze par classe dans les établissements qui sont dans ces quartiers. Nous nous engageons à créer un service public de l’accompagnement scolaire dans ces villes, nous nous engageons à nous mobiliser pour une obligation scolaire à 16 ans, mais une obligation scolaire qui permette une formation, une qualification, une ouverture. Nous reviendrons bien sûr sur la décision d’ouvrir l’apprentissage dès 14. Nous ne pouvons pas l’accepter, faut-il encore que tous les enfants de moins de 16 ans soient dans l’école, oui dans l’école, et pas simplement pour attendre mais pour en recevoir la formation qu’ils espèrent et qui ne doit pas les désespérer. La troisième priorité, c’est une mobilisation pour l’emploi et une lutte résolue contre les discriminations : rétablissement immédiat des emplois jeunes, volontarisme républicain fondé sur des critères sociaux et en aucun cas ethniques pour assurer la promotion des jeunes des quartiers populaires, permettre leur accès aux universités, aux grandes écoles de la République et à la fonction publique de l'État et des territoires. Renforcement des clauses d’insertion dans tous les appels d’offres publics. Et, enfin, rappel au patronat de sa responsabilité sociale à travers des obligations qui seront faites aux entreprises en matière d’embauche de salariés habitant dans les quartiers populaires. Le quatrième engagement, c’est bien sûr de permettre une meilleure répartition de l’effort de construction de logements sociaux en faisant en sorte que les pénalités soient réellement dissuasives lorsque des maires ne respectent pas la loi SRU et en faisant en sorte que les maires et les communes qui, en revanche, ne la respectent reçoivent des subventions supplémentaires. On n’est pas simplement là pour pénaliser, on est aussi là pour favoriser, aider, soutenir. Et puis, chers camarades, allons jusqu’au bout dans cet engagement, changeons la fiscalité locale pour que l’impôt local soit fonction du revenu et qu’à partir de là ce ne soit pas les plus pauvres qui souvent paient la charge la plus élevée comme contribuables quand on accorde des baisses d’impôt aux plus riches. Répartissons différemment les dotations de l'État sur le territoire parce que c’est insupportable cette péréquation à rebours des intérêts de la population. Comment imaginer que les communes riches puissent encore recevoir des dotations de l'État quand dans trop de communes, pas forcément d’ailleurs dans ces quartiers, il y a une insuffisance de soutien de la part de l'État ? Il faudra changer les règles, cela coûtera sans doute y compris des communes socialistes, mais cela ne coûtera pas à la République, cela l’enrichira et cela donnera aux élus les moyens d’agir et de changer. C’est pourquoi je veux, à travers ce plan, démontrer que la gauche est plus crédible pour la tranquillité et la sécurité publique que la droite. Ne laissons pas s’installer cette fausse idée qui nous a fait tant de mal dans le passé, qu’il faudrait finalement consentir au moins à la droite cet avantage : elle serait plus ferme quand la gauche serait supposée laxiste. Mais rien n’est plus faux, l’ordre public ne peut reposer sur le désarroi social et que ce qui fait la force de la gauche, c’est de démontrer que la justice sociale est un facteur de stabilité et de paix civile, qu’il n’empêche pas bien sûr le respect de la loi, qu’il exige même, qui demande à la police d’être là, oui, toujours là, et pas simplement lorsqu’il y a émeutes ou violence. Nous voulons une police présente, une police proche et pas des brigades anti-criminalité qui viennent pour rétablir l’ordre pour quelques minutes, mais jamais pour très longtemps.

Voilà, pourquoi sur ces sujets nous devons être à l’offensive.

Plus largement, nous avons voulu faire du congrès du Mans un congrès utile pour les Français. Qu’attendent-ils de nous ? Une opposition forte à la droite ? Sûrement. Un projet audacieux et crédible ? Assurément et le plus tôt possible. Et une confiance dans la politique et dans le Parti socialiste. Je vais reprendre ces trois points pour clôturer notre congrès.

Oui, il faut marquer notre opposition à la droite. Dans l’histoire de la République, la gauche, chaque fois qu’elle s’est située dans l’opposition, et cela lui est arrivé plus souvent qu’à l’ordinaire, s’est toujours convaincue qu’elle faisait face à la droite la plus réactionnaire jusque-là rencontrée. Mais aujourd’hui il s’agit peut-être d’autre chose. C’est vrai que les conservateurs ne déçoivent jamais. Ils vont toujours au-delà de ce que l’on peut craindre d’eux. Je ne voudrais pas relativiser la dureté des combats passés, c’était dur sans doute de mener la bataille contre la politique de de Gaulle et de Pompidou, c’était sans doute difficile de lutter contre la politique de Giscard et de Barre, et chacun a en mémoire aussi plus récemment les politiques économiques de Balladur ou de Juppé. Oui, elles étaient bien réactionnaires, bien conservatrices, bien libérales. Mais aujourd’hui c’est autre chose car, en trois ans et demi, la droite aura mis l’économie française en faillite, la cohésion sociale en miettes, le modèle républicain en procès et les institutions en crise. C’est beaucoup, convenons-en. Ils s’y sont mis d’ailleurs à deux Premiers ministres et à un président de la République. Mais c’est beaucoup sans doute encore plus que les Français eux-mêmes, et même ceux qui sont en colère l’imaginent. C’est grave car les conditions mêmes de l’alternance peuvent s’en trouver obérées. C’est exceptionnel parce que la France en est la première victime et que la crise de confiance ne frappe pas simplement les auteurs de cette politique, mais la République et la démocratie. Autour de la mise en cause de ce qu’on appelle le modèle français, là est le danger. L’échec de la droite est ainsi mis au service de son objectif. Plus elle échoue, plus elle met en cause sa cible, le démantèlement de l'État et des droits fondamentaux. Et c’est pourquoi, et c’est notre rôle de le faire, il faut revenir sans cesse à sa responsabilité.

Oui, la droite a mis l’économie en faillite, et je ne me livre pas là à une facilité verbale pour cause de congrès. Non seulement la croissance s’est affaissée, mais l’investissement privé stagne depuis 2002, le pouvoir d’achat est anémié. Elle n’a pas réussi simplement à diminuer la demande, faute de consommation, malgré des baisses d’impôts aux plus favorisés, elle a aussi diminué l’offre productive et malgré l’emploi des allégements de cotisations sociales accordées aux entreprises. Dès lors, l’échec est à la fois économique et social. Le chômage reste autour de 10 % de la population active et les diminutions récentes ne trompent personne puisqu’elles sont dues essentiellement aux emplois aidés, cent mille depuis le début de l’année, aux radiations et aux stages. Et avec 15,5 millions de salariés aujourd’hui, le secteur privé n’a toujours pas retrouvé le niveau d’emploi de 2002. Ce qui veut dire quoi ? Que depuis trois ans et demi la droite n’a créé aucun emploi supplémentaire quand la gauche, de 1997 à 2002, avec Lionel Jospin, en avait créé 2 millions.

Voilà la faillite de la politique de la droite !

Mais elle est aussi financière : le déficit de l’État qui est supérieur à 3 % de la richesse nationale depuis 2002 conduit le gouvernement non pas simplement, à se défausser sur les collectivités locales, mais à privatiser les autoroutes, EDF, GDF, non même plus pour toucher le produit de ces privatisations, mais pour hériter de soultes que versent les entreprises pour payer les retraites de ces agents dans quelques années. Ainsi le déficit est aujourd’hui considéré comme excessif par les autorités de Bruxelles, l’endettement public atteint des niveaux records, sans doute 70 % de la richesse nationale à la fin de la législature, et pour autant le gouvernement continue ses baisses d’impôts. Comment comprendre ? Les diminutions d’impôt aujourd’hui ne sont pas simplement injustes socialement, inefficaces économiquement, mais absurdes budgétairement parce que financées par emprunt puisqu’il y a déficit structurel. Pour accorder des cadeaux aux riches, le Trésor public emprunte sur les marchés. Et qui paiera ? Les générations présentes, mais aussi les générations futures. Voilà ce qu’est une faillite.

Le déficit de la Sécurité sociale atteint des niveaux records, 12 milliards d’euros pour l’assurance maladie, l’UNEDIC ne peut plus boucler ses fins de mois, l’ensemble des régimes sociaux fonctionne à crédit.

Et que dire du commerce extérieur ? Son déficit atteint un niveau historique. On ne sait pas si ce cela va être 25 ou 30 milliards d’euros. Ce qui veut dire quoi ? Que la compétitivité des entreprises s’est dégradée depuis trois ans et demi révèle cette vérité cruelle : le gouvernement ne défend pas les entreprises, il défend simplement les actionnaires. Une droite incapable, incompétente, impuissante, ne dites jamais, ne laissez jamais dire que la droite sait gérer l’économie française, et pire même, comme un bon père de famille. Or avec des bons pères de familles comme cela, on préfère encore être orphelin.

En trois ans et demi, la droite aura mis la cohésion sociale en miettes, la précarité est devenue la règle, la stabilité l’exception. Droit du travail avec le contrat nouvelle embauche qui n’a créé aucun emploi supplémentaire, qui s’est substitué au contrat à durée indéterminée, comme nous l’avions annoncé. Et puis la fin des 35 heures, les stages non payés, et les règles de négociation collective mises en cause. Sur la protection sociale, les régimes de retraite qui ont été réformés, c’est-à-dire en fait les régimes de répartition qui ont été mis en cause, la capitalisation installée. L'assurance maladie, où c’est maintenant la responsabilité individuelle qui est la règle, avec 1 € par consultation, 15 € de forfait hospitalier, et maintenant ce forfait de 18 € sur les actes lourds. Et l’on nous dit que ce serait indifférent pour les assurés sociaux, que ce serait payé par les mutuelles et par les assurances complémentaires, mais qui sont donc ceux qui paient les mutuelles et les assurances complémentaires dans notre pays ? Cohésion sociale en miettes avec une politique fiscale à rebours, là encore des principes d’égalité, un bouclier fiscal pour alléger l’impôt sur la fortune sans le dire, et une baisse de l’impôt sur le revenu, 4 MM€. Certes, au-delà de 2007, on a d’ici là encore un moyen de sauver l’équilibre fiscal ! Et je pense que les Français l’utiliseront. Mais 4 MM€ pour qui ? Pour les plus malheureux, pour les plus nécessiteux ? Non, pour les plus riches, parce que pour le gouvernement, les plus nécessiteux, ce sont les plus riches. Enfin, la droite aura mis ce modèle républicain en procès. La faiblesse de l'État sert de prétexte au dévoiement de la décentralisation, les insuffisances de l’école pour justifier sa marchandisation, le poids de l’impôt, notamment pour démanteler la progressivité, l’endettement des entreprises pour permettre leur privatisation. Et encore récemment, la persistance de la violence, de l’insécurité, pour recourir à des lois d’exception. Je l’ai dit, tous les échecs de la droite deviennent des opportunités pour saper les fondements même de l’État républicain et les principes de l’État Providence. Cohésion sociale en miettes, modèle républicain en crise et institutions en déroute, la droite a érigé l’irresponsabilité en principe. Le président de la République décide de tout, mais n’est engagé par rien. Il tient son mandat directement du peuple, mais ne tient aucun compte de son expression, ni aux élections régionales, ni aux élections européennes, ni même lors du référendum du 29 mai. Il promet, comme un candidat, mais n’agit jamais comme un président. Et que dire que son statut pénal qui devait être réformé la première année de son second mandat, et qui n’est toujours pas voté, et qui sans doute ne le sera jamais, en tout cas sous cette législature. Ce système d’irresponsabilité a touché tout l’Exécutif. Le Premier ministre, qui veut apparaître comme un homme neuf, nous dit-on, alors qu’il est depuis dix ans associé à toutes les décisions de Jacques Chirac. Il prétend agir au nom de l’intérêt général, et il ne fait que céder aux intérêts particuliers. Il retrouve les accents du patriotisme économique, mais il brade le capital public, avec les autoroutes ou les entreprises d’énergie. Il n’est pas élu, il en tire même fierté, mais j’ai cru comprendre qu’il était aussi candidat, d’où cette compétition qui s’est engagée avec son ministre de l’Intérieur au sommet de l’Etat.

Quant à Nicolas Sarkozy lui-même, c’est le champion de l’irresponsabilité. Ministre de l’Intérieur, il aura connu la plus grande explosion de violence de notre histoire récente, et il voudrait s’ériger champion de la lutte contre l’insécurité.
Ministre des Finances quelques mois, il aura mis la croissance en berne et les déficits en hausse. Il arrive même à faire oublier qu’il est aussi président de l’UMP, on l’avait deviné, président du Conseil général, il l’est encore, des Hauts-de-Seine, et candidat à l’élection présidentielle, il l’est toujours, tout le temps. Mais c’est surtout un ministre de lui-même, ce n’est pas un ministre de l’Intérieur. Il nous dit qu’il parle comme tout le monde, mais le rôle d’un ministre, surtout de l’Intérieur, n’est pas de parler comme tout le monde, c’est de parler pour tout le monde.

Mais il est tellement obsédé par lui-même, par sa candidature, par sa campagne, qu’il est un agent de sa propre propagande, une propagande néanmoins et, je le dis avec gravité, aux frais de l'État. Chaque fois qu’il se déplace, se déplace-t-il comme président de l’UMP ? Comme ministre de l’Intérieur ? Comme candidat à l’élection présidentielle ? Où en est-on ? N’acceptons plus cette confusion des genres. Exigeons cette séparation essentielle en République des pouvoirs et des rôles. Ainsi va notre République sous la droite, victime des comportements de ceux qui devraient la préserver. République accusée de fautes commises par ses propres occupants, République utilisée comme un bouclier pour protéger un pouvoir qui échoue. Eh bien, je vous le dis, en 2007 il sera nécessaire de rompre avec le chiraquisme dans toute sa dimension, pas simplement avec l’homme, mais avec sa politique, avec ses pratiques, avec ce système. Oui, il faut rompre avec le chiraquisme qui a gangrené d’une certaine manière l’usage qu’on devait faire de la République. 2007, de ce point de vue, sera une rupture nécessaire indispensable.

Mes chers camarades, il nous faut aussi, et c’est l’objet de ce congrès, offrir une alternative, nous retrouver sur le projet, nous l’avons fait, changer le monde avons-nous dit. La mondialisation, elle est là et nous n’avons pas décidé, même par un vote de congrès, d’en sortir. Qui le croirait ? Mais la mondialisation n’est pas une fatalité. Ce n’est pas un ordre immuable, un libéralisme irréversible. Elle doit être dominée par la politique à l’échelle internationale, c’est elle qui décide autour des principes de droit, de la régulation, du partage.

Et donc, pour nous, le droit, c’est d’abord les institutions internationales, l’ONU. La régulation, c’est ce que nous proposons, un Conseil de sécurité économique avec des normes sociales, environnementales, publiques qui permettent justement de dominer le marché. Et le partage, qui pour nous est une obligation, c’est d’abord l’annulation de la dette des pays les plus pauvres. Première condition.

C’est une autre organisation des marchés, deuxième condition.
C’est aussi une mise en cause de la politique agricole commune telle qu’elle est aujourd’hui. Et moi je ne me désole pas de voir le Président de la République s’arc-bouter toujours sur les mêmes outils de politique agricole qui mettent le Tiers Monde, et notamment l’Afrique, dans une situation de désolation. Et puis il nous faut, si nous croyons à cette belle idée de changer le monde, alors être exigeant à l’égard de l’Internationale socialiste présente ici. Nous voulons une grande organisation, nous voulons un parti à l’échelle du monde, et nous en sommes loin. À nous de porter cette volonté, à nous de faire avec les socialistes ici présents de cette Internationale socialiste une vraie alter mondialisation, mais cela dépendra aussi de nous, à condition de considérer, nous socialistes français, que les socialistes d’autres pays peuvent nous apporter leur expérience, leur crédit, leur confiance. Changer le monde, changer l'Europe. L’Europe fait partie, et nous l’avons tous dit, de notre idéal socialiste, même si l’idéal socialiste ne se réduit pas à l'Europe. Et nul ne peut se réjouir ici, qu’il ait voté oui ou qu’il ait voté non, de l’état de l'Union européenne : pas de Constitution, nous étions pour une Constitution ; pas de budget ; pas de projet ; pas de frontières reconnues ; mais revanche que de projets de directives libérales, de dérégulations, de privatisations, de déréglementation. Voilà l'Europe telle qu’elle est, une Europe en panne. Et la crise jusqu’à présent n’a rien eu de salutaire. Depuis le 29 mai, c’est vrai, le Traité constitutionnel n’est plus. En d’autres termes, quand on dit qu’il n’est plus, c’est qu’il est mort. C’est la conséquence du vote est intervenu en France et nous, socialistes, respectons le vote populaire. C’est notre devoir premier de républicains, comme nous respectons, je le sais, le vote militant parce que c’est notre devoir de socialistes. Alors, comment sortir, de cette Europe en panne ? Ce n’est pas la droite qui y parviendra, parce que fondamentalement la droite européenne, et la droite française en particulier, n’est plus favorable à l’intégration européenne. C’est le fait nouveau de ces dernières années. Très longtemps la démocratie chrétienne dans toutes ses formes, y compris les plus dévoyées, était pour la construction européenne. Aujourd’hui les droites à l’échelle européenne ont ce qu’elles veulent : le marché. Et rien que le marché. Ils ont réussi même, ces conservateurs, à se débarrasser du fardeau institutionnel, et ils sont lancés dans un élargissement sans fin pour faire perdre à l'Union européenne, justement, sa dynamique politique. Alors, si la droite ne peut pas changer l'Europe, c’est à la gauche, et seulement à la gauche, avec tous ceux qui voudront bien l’accompagner, de trouver les clés pour une relance de l'Europe. La gauche, je le dis, européenne, pas seulement la gauche française, parce que l'Europe, pas plus que le socialisme, ne se fait dans un seul pays. On voudrait bien, nous, et on l’a montré ici, que l'Europe soit aux couleurs de la France, non pas simplement de la France, aux couleurs du socialisme français, là encore, pas simplement aux couleurs du socialisme français, parfois aux couleurs d’une sensibilité socialiste particulière. Et puis, quand on n’y arrive pas, on voudrait amasser d’autres apports, d’autres conforts, eh bien non ! On fera l'Europe, désolé de vous l’avouer tout à trac, avec les Européens, et je veux faire l'Europe avec les progressistes d'Europe, avec tous les progressistes. Mais aujourd’hui, il va falloir procéder par étapes. Et je vous le dis tout net, il serait aujourd’hui incompréhensible de reprendre la démarche institutionnelle sans qu’on ait réglé les autres questions de la construction européenne. Cela ne peut être que la conclusion d’une relance qui doit commencer d’abord par la croissance et par l’emploi, et c’est là que nous nous sommes retrouvés hier, en accord, tous ensemble, pour dire d’abord un gouvernement économique, face à une Banque centrale européenne, dont on doit maintenant s’assurer que son objectif, c’est le plein emploi, et pas simplement la lutte contre l’inflation, c’est fait. On doit faire en sorte que les objectifs de l'Europe économique, ce soit la recherche, la formation, la qualification, et ne laissons pas simplement Tony Blair tenir ce discours, sans d’ailleurs mettre le moindre euro, qu’il n’a pas dans son propre pays, le moindre euro au service de cette noble cause. Oui, il faut d’abord faire l'Europe de l’emploi, il faut d’abord faire l'Europe sociale, à travers des protections, oui, des protections, permettant de lutter contre des formes de délocalisation insupportables, permettant de faire des harmonisations fiscales dans la zone euro, parce qu’il va bien falloir partir de la zone euro si nous voulons faire cela. Nous n’avons pas fait simplement une monnaie unique pour que les marchés puissent s’organiser mieux. Nous avions l’espoir avec François Mitterrand, avec Pierre Bérégovoy, avec Jacques Delors, nous avions l’espoir, pas l’illusion, le rêve qui n’était pas une chimère, de faire que l’euro soit l’amorce d’une construction politique d’un espace cohérent. Eh bien, faisons-le, faisons cette Europe-là, faisons cette Europe qui permette l’harmonisation des politiques. Il faudra ensuite porter le budget européen à un niveau compatible avec nos objectifs. et c’était presque une plaisanterie de voir la discussion qui s’engage : est-ce cela va faire 1,02 ou 1,12 de la richesse européenne, que l’on va consacrer au budget de l’Union ? Eh bien nous, nous affirmons, tous ensemble, c’est 2% de la richesse européenne qu’il faut consacrer à l'Union européenne. On est Européen pour 2%, ce n’est quand même pas si ambitieux, que nous ne pourrions pas y parvenir. Et moi, je suis d’accord avec ceux qui ont dit qu’il faut recourir à l’emprunt, si l’on veut financer les investissements de demain en Europe pour la recherche, pour la technologie, pour les infrastructures, pour la diversification énergétique. Et c’est après, une fois qu’on aura déjà fait tout cela et davantage, qu’on pourra reparler d’institutions et porter ensemble avec les socialistes européens, les Verts et la gauche européenne toute entière, un nouveau traité, avec une démarche démocratique pour son élaboration, avec des frontières reconnues pour éviter que d’autres polémiques viennent interférer. Et puis si nous pouvions avoir ce futur traité élaboré démocratiquement, nous le ferions ratifier dans tous les pays, le même jour, et par les mêmes procédures, cela aurait quand même un autre sens, un autre engagement pour l’Europe ! Enfin, il faut changer la France. Si nous voulons déjà changer le monde, c’est beaucoup, cela nous prendra du temps. Changer l'Europe, nous ne pourrons pas le faire seuls. La France, en revanche, c’est notre responsabilité première. Nous proposons donc aujourd’hui dans notre congrès un contrat aux Français pour répondre à l’urgence et préparer l’avenir. Ce contrat ne sera pas une somme de revendications. Nous ne sommes pas le syndicat du Parti socialiste, nous sommes le Parti socialiste, parti de gouvernement. Ce ne sera pas une liste, qu’il serait même difficile de rendre exhaustive d’abrogations. Ce sera bien sûr un programme qui remplacera toutes les lois de droite, j’allais dire iniques, mais toutes les lois de droite sont pour l’essentiel iniques, injustes, insupportables, mais ouvrira de nouveaux progrès. Notre ambition, ce n’est pas de revenir par une somme d’abrogations à 2002, c’est, à partir de 2007, c’est d’accomplir de nouvelles avancées, de nouvelles conquêtes. C’est ensemble que nous pourrons convaincre. Nous ne sommes pas pour un retour, nous sommes pour un aller, un aller vers l’avenir. Alors, quel contrat ? Un contrat social, oui, d’abord avec l’augmentation du pouvoir d’achat. Nous avons trouvé les réponses, une conférence pour les revenues chaque année, une obligation de négocier, une augmentation du SMIC, on a dit 1 500 euros en cours de législature, très bien, n’attendons pas la fin. Et puis tous les salaires qui doivent également augmenter, mais comment contraindre ? Nous avons posé un principe qui est de conditionner les exonérations de cotisations sociales versées aux entreprises, 20 milliards d’euros, conditionner ces aides et ces exonérations à une augmentation de la masse salariale, que ce soit par des progressions du pouvoir d’achat ou par des ardoises supplémentaires, voilà l’arme que nous avons. On transformera aussi la prime pour l’emploi en allégement de cotisations sociales salariées nettes pour donner tout de suite du pouvoir d’achat à tous ceux qui travaillent. Il nous faut aussi retrouver le plein-emploi. On changera, au-delà de la croissance, car il n’y a pas de plein-emploi sans croissance. Je le dis à nos amis d’Utopia qui en sont aussi conscients. Il n’y aura pas non plus de plein-emploi sans développement, parce que le plein-emploi, ce n’est pas simplement que les emplois marchands, ce sont aussi toutes c'est formes d’emplois dans la société, solidaires, de l’économie sociale, qu’il nous faut impulser, renouveler, inventer. Alors, la croissance, oui, mais changeons aussi les mécanismes de la protection sociale. Est-il encore concevable que les cotisations sociales soient les mêmes que le contrat soit à durée indéterminée ou à durée déterminée ? Nous proposons de les moduler selon la durée du contrat. Et de la même manière, il en sera terminé avec ce système de prélèvement social sur le seul travail, ce sera sur l’ensemble de la richesse produite, qu’elle soit en capital ou en main-d’œuvre, qu’il faudra financer la protection sociale. Nous ferons en sorte aussi de proposer pour les jeunes un contrat unique de réinsertion et d’offrir, à tous les salariés victimes de plans sociaux que nous n’avons pas pu prévenir, un contrat de reclassement qui évitera qu’ils reviennent vers l’ANPE, ou les accompagner à travers la qualification, la formation. C’est ce qu’on appelle la sécurité des parcours professionnels, qu’importent les mots. Il faudra bien sûr refonder le pacte social pour les retraites, mais là aussi, soyons francs, nous allons abroger la loi Fillon, mais il faudra bien la remplacer, et la remplacer à partir d’une négociation avec les partenaires sociaux car nous, nous respecterons, les partenaires sociaux. Et puis nous ferons en sorte que dans cette réforme ce soit les petites retraites qui soient valorisées, ce soient les femmes qui soient justement protégées par rapport à aux règles de la répartition, que nous devons conforter. Mais il faudra dire aussi la vérité, tenir compte de la pénibilité pour les temps de cotisation et trouver de nouvelles ressources. Ne laissons pas croire que l’on pourra avoir une espérance de vie plus longue, rester en bonne santé sans ressources supplémentaires, la croissance y pourvoira mais pas seulement et le financement de notre protection sociale doit reposer sur l’ensemble de la richesse produite. Disons-le, car sinon, nous ne préparons pas les Français aux défis qui doivent être les leurs dans les prochaines années. Contrat éducatif avec le service public de la petite enfance, lutte contre les inégalités sociales, priorité donnée à l’université, c’est insupportable de constater que la dépense par étudiant, en France, est inférieure à la dépense consentie pour un lycéen. Comment peut-on accepter, socialistes, qu’on dépense deux fois plus pour un élève de grande école que pour un étudiant dans une université ? Contrat logement à travers une maîtrise du foncier. Oui, du foncier. Il y a quelques années, pas si lointaines, il y avait des textes au Parti socialiste qui proposaient la municipalisation du foncier ! Depuis, les socialistes sont devenus raisonnables, peut-être trop sur ces questions. Et pourtant la maîtrise du foncier est essentielle. Il n’est pas acceptable qu’un propriétaire, parce que son terrain devient constructible par une décision publique, puisse encaisser une plus-value considérable. Il faudra là aussi socialiser les profits tirés de décisions publiques. Maîtrise du foncier, logements sociaux et révision des aides fiscales. Comment comprendre que le dispositif de Robien favorise des logements uniquement pour les catégories favorisées et pour un rendement immédiat. S’il doit y avoir des aides fiscales, c’est pour le logement en faveur des plus modestes qui n’arrivent plus à faire vivre leurs familles. Et le dernier contrat, et il n’est pas le plus mince, c’est le contrat écologique. Je relisais pour préparer ce congrès, je ne savais pas ce qu’il allait être, donc je cherchais mes références, dans nos bons congrès, même dans nos moins bons, chacun les a à l’esprit, mais toujours dans les congrès nous faisons de bons discours, quel que soit le sort de la synthèse ou pas. Et je relisais, c’est vous dire jusqu’où je suis allé, les interventions du congrès de Rennes, mais pas sur la synthèse, je ne m’en suis pas inspiré, j’ai eu raison. Une nuit de Commission des résolutions suffit, en faire trois est souvent mauvais signe. Mais je lisais les discours sur le fond, il y a quinze ans, et l’on disait déjà : « Il faut s’occuper de l’écologie. Les socialistes doivent être des écologistes. » Eh bien, dites donc, on a mis du temps, hein, à arriver à cette prise de conscience. Nous si aujourd’hui, on ne traite pas cette question comme socialistes, je vous le dis, nous ne serons pas d’abord des socialistes, et en plus on passera à côté des défis qui nous sont lancés, planétaires, européens, nationaux, locaux. Nous devons faire des choix, choix du transport collectif. Nous le faisons dans nos mairies, choix d’économies d’énergies, choix de diversification énergétique, faire un pari sur les énergies renouvelables, sur la recherche, faisons-le, chers amis, non pas pour faire une alliance avec nos amis Verts que je veux ici saluer, mais faisons-là parce que nous sommes socialistes et que nous considérons que le développement durable, que l’investissement pour l’avenir, que la protection des générations futures, c’est notre première responsabilité. Et puisque nous avons cette volonté, il faudra aussi y mettre les moyens et c’est tout le discours de la vérité. Vérité sur les rythmes du changement. Ne laissons pas croire que nous pourrions réaliser toutes nos priorités, tous nos engagements, régler les problèmes de toute la société simplement en une législature. C’est d’ailleurs de l’avoir laissé penser que les Français nous ont remerciés toujours à la fin de la législature, puisque nous avions dit que nous ferions tout dans une législature. Alors je vous conseille de dire que ce que nous allons proposer, même s’il faudra faire beaucoup dans la prochaine législature, pourra aussi se poursuivre sous une seconde, sous une troisième. Il n’y a pas de raison que nous soyons les seuls socialistes d’Europe, et je n’ose pas dire du monde, à nous arrêter au bout d’une législature. Ayez plus d’ambition. Gouverner longtemps, durer, agir, et ce n’est pas parce qu’on est réélu qu’on est un mauvais socialiste. Ne le pensez pas. Ce n’est pas parce qu’on est battu qu’on est un bon. Ou alors ce serait contradictoire parce que, chaque fois qu’on est battu, on nous dit qu’il faut tirer les leçons. Eh bien, tirons les leçons, ne soyons pas battus. Ce sera la meilleure des précautions pour l’avenir. Vérité sur les marges de manœuvres financières, elles ne seront pas considérables, et je viens de dire que l’économie est en faillite, que nos finances publiques sont en déroute, et l’on va dire qu’on pourra tout financer ? Si on le dit, il faut qu’on mette de la croissance. Et en attendant, il faudra qu’on fasse une réforme fiscale. Ah oui ! Une réforme fiscale ! Je n’ai pas relu tous les discours de congrès, mais je suis sûr que depuis 20 ans, 30 ans, nous avons dû voter toutes les résolutions en matière de réforme fiscale, et je ne suis pas sûr qu’on ait fait le respect de tous nos engagements. Alors disons-le aujourd’hui une bonne fois, et je prends donc mes risques pour l’avenir, car il y aura bien un socialiste, un jour, peut-être un premier secrétaire, qui ne serait plus moi, qui relirait le discours que je viens à peine de prononcer : la réforme fiscale, cela consiste d’abord à fusionner l’impôt sur le revenu et la contribution sociale généralisée, pour faire de la fiscalité directe l’élément indispensable à travers la progressivité de la justice fiscale et de l’efficacité. La deuxième réforme, la plus urgente peut-être, mais je ne peux pas dire que la première ne l’était pas, car je commencerais à être coupable de ce que je viens de dénoncer, c’est la réforme de la fiscalité locale sous toutes ses formes, réforme de la fiscalité, taxe d’habitation, taxe foncière, taxe professionnelle, on ne peut pas quand même demander aux élus d’agir et les priver de toutes les ressources nécessaires. On ne peut pas les obliger à imposer, à travers des prélèvements archaïques, des contributions que les ménages ne peuvent plus accepter. Alors il faudra le faire, et ce ne sera pas facile. Parce qu’il faudra sans doute, pour la taxe d’habitation, pendre l’assiette revenu. Rendez-vous compte ! Il pourrait y avoir même des électeurs, les nôtres, qui puissent y perdre. Eh bien quand même y aurait-il, je ne veux pas les décourager, aujourd’hui des électeurs qui pourraient y perdre, c’est une réforme fiscale, et il faudra bien prendre aux uns pour donner aux autres. Il n’y a pas de trésor caché. Vérité sur l'État, parce que moi je vous le dis encore une fois, l'État ne pourra pas tout, tout seul. Et si on le laisse croire, cela voudrait dire que dès qu’on va revenir au pouvoir, on va nous demander tout, et rien qu’à nous. Eh bien pardon, il va falloir mettre la société en mouvement, et sérieusement. Parce que, quelle est la leçon de nos échecs ? Je connais la leçon de nos succès. Néanmoins, on ne les répète jamais suffisamment. Mais la cause de nos déconvenues répétées, c’est que nous avons toujours prétendu que l’État pourrait faire seul, et que nous avons laissé la négociation sociale en friche, des associations démobilisées, les citoyens en dehors de nous. Alors comment voulez-vous qu’on puisse réussir, si les citoyens ne sont pas partie prenante, si les associations n’ont pas les moyens indispensables, si les collectivités locales n’ont pas de contrat de confiance, et si les syndicats, je dis bien les syndicats, dans leur diversité, dans ce qu’ils sont, n’ont pas les moyens de négocier, de conclure et de faire avancer, eux aussi, l’intérêt général, voilà ce que nous avons à faire ensemble. Vérité sur les institutions. Oui, il y a eu un débat, pas tellement dans le congrès d’ailleurs, un peu dans la commission des résolutions sur les institutions, nous n’avons pas changé, je l’avoue, de République en commission des résolutions. Cela m’aurait d’ailleurs semblé étrange, en une nuit, rien que pour faire synthèse entre nous, de changer le numéro de la République ? Je comprends ceux qui réclament la VI° République, je respecte leur position. Ce débat doit se poursuivre, et il n’est pas terminé. Mais ce qui reste vrai, c’est qu’il ne pourra y avoir de succès de la réforme s’il n’y a pas d’abord, et en même temps, une réforme de nos institutions. Il faudra s’y prendre vite. Oui, renforcer les droits du Parlement, même quand nous sommes majoritaires, je le dis quand même, parce que, quand on est majoritaire, on aime mieux un Parlement docile. Eh bien, il faudra se mettre dans cette situation où les socialistes jouent tout leur rôle dans le Parlement rénové que nous voulons, oui, de ce point de vue, toute sa place au Parlement, toute sa place aussi pour que les nominations soient faites dans le Parlement, et pas simplement au niveau de l’Exécutif. Oui, il faut rééquilibrer les pouvoirs entre président de la République et Premier ministre, mais surtout d’imposer le principe essentiel de la responsabilité, oui de la responsabilité de ceux qui exercent le pouvoir à tous niveaux, et à commencer par le chef de l'État. Les institutions, c’est aussi le droit des citoyens de saisir les instances, Conseil constitutionnel, Conseil supérieur de l’audiovisuel, à condition de changer la composition de ces autorités qui ont perdu, finalement, pour une part, leur autorité, à force d’être occupés par les mêmes personnalités issues de la même famille de pensée, du même mouvement, et nommées bientôt par le même homme. Oui, il va falloir changer nos institutions. Faire le mandat unique, ce ne sera pas facile, plus facile quand on n’a pas beaucoup de parlementaires, plus difficile quand les mêmes qui l’ont demandé deviennent eux-mêmes parlementaires, et préparent des élections locales après, en disant c’est peut-être plus facile, et c’est vrai que c’est plus facile quand on est maire de devenir député, et quand on est député, de devenir maire. Mais, si nous voulons cette réforme, elle sera pour tout le monde. Parce que moi je le dis, autant nous devons être déterminés pour la République, mais autant je ne ferai pas de choix simplement pour le Parti socialiste, sauf sur un point qui est la parité, la parité parce que cela a été pour nous une loi, une loi que nous avons fait voter. Et c’est une honte, je le dis, y compris pour moi-même, d’être obligé comme Premier secrétaire du Parti socialiste, en tout cas le trésorier le fait à ma place, cela m’évite d’avoir la honte dans la main, de payer, oui un impôt parce que nous ne respecterons pas les règles de la parité. Et cela en sera terminé de cet impôt-là en 2007, terminé. Nous aurons la parité dans toutes les candidatures.

Chers camarades, le changement, ce n’est pas simplement des mesures, des réformes, une pratique démocratique, c’est aussi une morale politique, une éthique républicaine qui consiste pour moi à tenir le même discours, qu’on soit dans l’opposition ou au pouvoir, être toujours en cohérence avec nous-mêmes, à tenir nos engagements, à faire en sorte que ce que l’on prononce dans les motions du congrès, on soit capable de le tenir au gouvernement. C’est pour nous une obligation morale, une obligation politique, démocratique, qui nous permettra d’être entendus.

Enfin, je veux terminer sur le PS, même si ce n’est pas ce qui préoccupe les Français, vous êtes ici ses représentants les plus imminents. C’est un outil indispensable, le PS, un instrument majeur de la reconquête. Nous sommes la première force de gauche, nous sommes trop loin de la société, j’en suis conscient. Nous sommes trop étroits dans nos recrutements, trop repliés sur nous-mêmes. Nous avons pu en faire la démonstration. Il faut donc des changements. Sur le projet, nous sommes maintenant conscients que nous avons acté les grandes orientations. Il faudra faire maintenant les précisions, les compléments, les évaluations indispensables, les choix essentiels ayant été faits dans le congrès. Il sera donc constitué une commission pluraliste, toutes les sensibilités qui maintenant, si j’ai bien compris, sont l’ensemble du parti. Mais cette commission, à partir des propositions qui sont déjà les nôtres, devra les confronter aux experts, aux syndicats, aux associations, à la gauche européenne pour savoir ce que nous pouvons faire, et jusqu’où. Il y aura également un vote militant sur le projet et, là aussi, faisons en sorte de ne pas simplement reproduire nos amendements habituels, mais d’aller chercher loin les suggestions et les propositions, et notamment dans les Régions et dans les Départements où nous faisons œuvre d’imagination, d'expérience. Et moi je veux saluer là les présidents de Régions, présidents de Conseils généraux, élus régionaux, élus cantonaux, faites-nous remonter ce que vous réussissez dans vos collectivités. Ce sera pour nous un gage de succès. Et enfin, sur le projet, Romano Prodi est venu vous le dire et nous en faire démonstration avec ce qu’il appelle la fabbrica. Il va falloir faire des États généraux sur le projet avec l’ensemble de la société. On commencera dans chacune des Régions, on finira au plan national par cette confrontation, elle est indispensable, avec les citoyens. Ensuite, nous avons le chantier de la rénovation, j’en entends parler depuis des années, depuis qu’il y a des rénovateurs, c’est vous dire si ça remonte à loin. Nous devons mieux organiser nos débats que nous avons, je ne parle pas simplement des votes qui doivent être transparents, François Rebsamen a fait des propositions indispensables. Si on veut qu’il y ait respect, il faut qu’il y ait aussi le respect de l’acte électoral. Il faut que nous ayons des débats dans nos sections qui ne soient pas simplement au rythme de nos propres décisions nationales. Je dois dire quand même qu’au Parti socialiste on ne doit pas travailler simplement trois jours sur sept considérant que le reste serait sur notre terrain politique. Non, le Parti socialiste, c’est tous les jours qu’il doit parler, s’exprimer, lutter, combattre, être présent partout sur le territoire. Et puis il va falloir reprendre le sujet des adhésions. Nous sommes tous pour des adhésions plus nombreuses, et immédiatement nous nous en méfions, surtout dans les périodes d’investiture. Imaginez que je lance une grande campagne d’adhésion là, pour les prochains mois. Que dirait-on ? Est-ce que nous accueillerions tous les nouveaux camarades avec intelligence ? Est-ce que nous ne commencerions pas à leur demander pour qui ? Pour quoi ? Il reste que le Parti socialiste doit s’élargir. Ne reprochons d’ailleurs de ce point de vue pas aux grosses fédérations d’être grosses. N’accusons pas les petites d’être trop petites. Mais quand même, faisons en sorte que partout il y ait le même comportement militant. Ce n’est pas anormal d’avoir de grosses sections. Ce qui est anormal, c’est d’avoir aussi peu de militants quand il y a autant de population. Moi, je ne suis pas pour un congrès virtuel, pour un parti virtuel où on vote par SMS ou sur ordinateur. Et je refuse de désigner notre candidat de cette manière. Mais quand même, entre le virtuel et le réel, il faut aussi être capable d’attirer tous ceux qui justement par ce moyen-là ont envie d’intervenir, d’agir, d’expliquer, de comprendre, d’argumenter. On l’a mesuré les uns et les autres au moment du référendum du 29 mai. Et puis il y a l’investiture qu’il faudra donner à nos candidats pour les élections législatives. Je me suis exprimé là-dessus. Il faudra respecter pleinement le principe de parité. Et je me félicite que pour le Conseil national nous ayons donné, non sans mal, cet exemple. Il faudra aussi, chers camarades, quand on tient les discours qu’on a tenus sur les quartiers, les banlieues, les cités, faire que nous puissions avoir toute la diversité présente au moment des élections législatives. Toute la diversité, Arrive maintenant la question du calendrier pour la désignation de notre candidat ou de notre candidate à l’élection présidentielle. Il y a eu une discussion entre nous et je respecte là aussi les positions de chacun. Nous avons fait un choix qui n’était pas par rapport à un intérêt de tel ou tel, mais l’intérêt du Parti. Je vous ne le dis pas dans l’idée simplement de notre rassemblement d’aujourd’hui, du sens même du travail qu’il nous reste à faire, le projet, le rassemblement de la gauche. Certes, il faudra désigner notre candidat lorsque nous aurons achevé nos travaux sur le projet, procéder à nos investitures législatives et rassembler de la gauche. Mais il faudra le faire surtout dans l’intérêt de notre candidat ou de notre candidate, ni trop tôt, ni trop tard, j’allais dire au bon moment. Quel est le bon moment ? J’y ai réfléchi. J’ai beaucoup consulté nos manuels d’histoire interne, mais enfin, c’était le centenaire, c’est normal. Quelle est la plus belle élection que nous ayons gagnée ? La présidentielle, 1981, François Mitterrand. Il y a eu une deuxième mais, s’il n’y a pas eu la première, il n’y aurait pas eu la deuxième, la plus belle, celle de 1981. Quand est-ce que François Mitterrand a été candidat ? A annoncé sa candidature ? Novembre 1980. Eh bien, je vous suggère, François Mitterrand n’étant pas le plus malhabile d’entre nous, le plus mauvais stratège et le moins bon de nos candidats, je vous suggère de reprendre le même calendrier qui nous a fait gagner en mai 1981. Quant à la floraison de candidats ou de candidates, nous verrons le moment venu, et je suis sûr qu’il y en aura moins, ça se décante ces affaires-là. Puis, à un moment, c’est vous qui choisirez, et vous choisirez librement, démocratiquement, souverainement par le vote militant, transparent, clair, et il n’y aura qu’un seul candidat ou qu’une seule candidate à l’élection présidentielle. Et nous serons tous derrière celui-là ou celle-là, et nous le ferons ou la ferons triompher, c’est ça notre engagement aujourd’hui : tous derrière celui qui nous représentera. D’ailleurs, je sais qu’il y a des camarades qui parlent de primaires, l’idée mérite d’être retenue, regardée en tout cas, pas aujourd’hui, pour 2007, mais quand même réfléchissons à cette bonne manière d’associer nos électeurs. Je termine sur le rassemblement de la gauche, d’un mot, il doit être fondé sur le respect, respect de nos partenaires à travers un contrat de gouvernement, respect de nous-mêmes, aussi, parce que le Parti socialiste n’a pas à présenter ses excuses d’être un parti de gouvernement, quand même, heureusement qu’il est un parti de gouvernement, il n’a pas à battre sa coulpe, sans cesse à battre sa coulpe parce que nous avons été au pouvoir. Il n’a pas à être dans la mauvaise conscience d’être socialiste. Je le dis ici, nos alliances ne fondent pas notre identité, c’est notre identité qui fonde les alliances dans la gauche française. C’est pourquoi nous avons besoin d’un Parti socialiste fort. Là encore, permettez cette référence, c’est François Mitterrand qui nous le dit : en 1979, et ce n’était pas facile, le PS, et la leçon est d’une actualité brûlante, « le PS doit être d’abord lui-même. S’il ne répond pas à cette condition, il n’y aura pas d’union de la gauche », ou alors il y aura, dit François Mitterrand, « cette forme détestable d’union qu’on a trop souvent vu des socialistes, oublié qu’ils avaient un message pour imiter les autres ». Nous n’avons pas besoin d’imiter les autres pour être de gauche, nous avons besoin justement d’être de gauche pour que nous rassemblions tous les autres. Quant à l’extrême-gauche, chers amis, qui peut parfois, nous dit-on, séduire, y compris chez nous, et je respecte cette inclinaison, et je respecte même l’extrême-gauche, elle a parfaitement le droit d’attendre la révolution. Cela lui prendra du temps, et laissons-lui tout la patience nécessaire. Mais nous, nous socialistes, nous avons le devoir de faire des réformes dès 2007, et la pression doit être sur l’extrême-gauche. Que va-t-elle faire en 2007 quand il faudra choisir entre la droite et la gauche ? Pas simplement aller dans les manifestations, pas simplement faire la grève générale, d’abord voter pour la gauche. Chers camarades, je termine parce que l’heure avance, nous avons faim, peu dormi, nous sommes fatigués, mais heureux, le ventre vide mais rassurés. Alors je veux vous dire un mot de moi-même. J’ai compris ce matin que je serai le seul candidat à la responsabilité de Premier secrétaire, ce qui, quand même, convenons-en, me donne une grande chance d’être élu. Ce sera mon dernier mandat comme Premier secrétaire. C’est en cette qualité que je veux intervenir devant vous pour vous dire franchement ce que je pense de nous, nous socialistes, de nos défauts et de nos qualités. Je vais commencer par parler de nos défauts, cette propension que nous avons pour le débat qui va jusqu’à la division, cette fascination pour la magie des mots qui va jusqu’au fiasco des actes, cette mauvaise conscience que nous avons en permanence et qui peut tourner au mauvais esprit pour ne pas être assez à gauche jusqu’au point de jeter la suspicion sur nous-mêmes, de cette quête des idées que nous avons en permanence mais qui s’arrête parfois à la conquête des places, oui, ce souci des grandes confrontations dont nous raffolons et qui peuvent se terminer, heureusement pas ici, par de petits arrangements. Je connais nos qualités aussi. Nous en avons fait la démonstration ces trois jours, c’est le dévouement à l’idéal commun, c’est l’attachement irréversible à notre parti. C’est la fidélité dans les épreuves pour la cause qui est la nôtre, c’est le sens de l’intérêt général. C’est cette capacité de sursaut lorsque nous pensons que l’essentiel est en jeu. Ce sont des valeurs partagées depuis un siècle. Nous sommes les héritiers d’une longue histoire, d’une belle histoire. Quand nous avons vu le film hier, nous avons éprouvé les uns et les autres, et quels que soient nos votes de motion, les mêmes émotions et les mêmes frissons. Quand nous avons vu les figures de Jaurès, de Blum, de Mitterrand, de Jospin, quand nous avons retrouvé nos épopées, mais aussi quand nous avons pris conscience que nous étions dans un grand mouvement qui nous dépasse tous, qui transcende nos destins individuels. Comme d’autres générations, c’est vrai que nous avons le sentiment qu’il faut porter le fardeau tout en haut et après dévaler la pente tel Sisyphe, et refaire encore le chemin et toujours recommencer l’explication, la conviction que c’en est jamais terminé, que nos victoires ne sont jamais acquises. Je m’amusais ce matin parce que j’arrivais à votre congrès, à notre congrès, et les journalistes qui m’interrogeaient me disaient : Alors, Monsieur Hollande, le plus dur commence ! J’avais envie de leur dire : Mais le plus dur, c’est toujours. Si on avait échoué, vous m’auriez dit : Ah ! Le plus dur arrive ! Je ne vous dis pas que le plus dur est derrière nous, parce que tant que nous n’avons pas fait la dernière marche avant 2007, gagné les élections, emporté les convictions, obtenu la confiance, eh bien rien n’est fait, et donc tout dépend de nous. Même si après 2007, après le succès de l’une, de l’un d’entre nous, de nous tous, parce que j’en ai finalement assez qu’on laisse penser que ce serait un homme, une femme providentiel(le) qui ferait le succès, mais c’est vous qui êtes la force du Parti socialiste, c’est vos idées, c’est votre projet. Même quand l’un ou l’autre d’entre aura obtenu le succès avec nous, nous n’en n’aurons jamais terminé, je suis sûr d’ailleurs qu’il y aura un ou une journaliste qui dira à notre candidat victorieux (je ne sais comment il ou elle s’appellera, je ne veux pas prendre de risque) : Alors, le plus dur commence ? ! Eh bien oui, le plus dur commencera. C’est pourquoi rien, chers amis, ne viendra nous détourner de notre objectif. Que les Français soient sûrs, là, s’ils nous regardent, que nous sommes maintenant en mouvement, que nous ne laisserons passer aucune occasion de marquer notre identité, de donner nos propositions, de faire valoir nos arguments. Rien ne viendra désormais nous éloigner de la seule perspective que l’on s’est fixé ici au Mans : porter un projet, rassembler la gauche, réussir le changement en 2007, nous serons tous ensemble dans ce combat, nous serons tous ensemble pour rendre possible la victoire. Aujourd’hui, la victoire est possible, à nous de la rendre inéluctable.
Merci, chers camarades, merci pour le congrès.

François Hollande demande le "respect" entre militants sur un ton enflammé

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François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, a conclu mardi soir sur un ton enflammé la soirée "longue, animée" de débats ponctués d'"arguments vigoureux" sur les motions du prochain congrès du PS (Le Mans, 18-20 novembre) en appelant les militants à se "respecter".

Au terme de plus de 4 heures de débats, et bien que plus de la moitié des 1.800 militants aient quitté la réunion, François Hollande s'est félicité de la "passion" mais, a-t-il ajouté, "je vous le dis en tant que premier secrétaire, j'accepte les applaudissements, mais je n'accepte pas qu'on puisse couvrir de la voix la parole des autres socialistes". "On se doit le respect, toujours", a-t-il insisté.
Revenant sur le référendum sur la Constitution européenne qui a vu la victoire du non le 29 mai dernier, François Hollande a souhaité "maintenant dépasser le vote". Mais, a-t-il averti en répondant à ceux qui, comme Vincent Peillon du Nouveau parti socialiste (NPS), prônent "une grande initiative française" pour l'Europe, "on ne peut pas donner des leçons à tous les autres partis socialistes européens, on a le droit de critiquer tous les autres, mais il faut aussi balayer devant sa porte". Très applaudi, se faisant tribun, M. Hollande a affirmé que ce que les Français "nous demandent, c'est de nous mettre en ordre pour gagner, d'être prêts en 2007, c'est notre devoir collectif, ça nous appartient à tous".
Alors que de nombreux orateurs ont demandé "d'abroger" les décisions de l'actuel gouvernement, comme ce fut le cas notamment de Laurent Fabius, il s'est interrogé : "Si notre projet était une suite d'abrogations, pourquoi faire un congrès ?".
"On ne doit pas seulement abroger ou revenir à 2002, on doit faire des progrès en vue de 2007, faire des propositions d'avenir et avoir le courage pour faire une réforme fiscale sans être timide ni frileux". "Je veux dire la vérité, je ne suis pas là pour promettre ce qu'on ne pourra pas tenir", a-t-il ajouté. Affirmant qu'il "tiendrait compte" du vote du 29 mai, il s'est demandé "comment un dirigeant socialiste pourrait ne pas tenir compte du vote populaire, mais aussi du vote militant. Tout se tient!".